Merci l'ENS ! je ne serais jamais allé vers Marivaux instinctivement mais c'est une très chouette trouvaille qui en deux dizaines de scènes mélange présente sur les planches un genre de theatrum mundi et d'état de nature.
Ainsi Marivaux prétend rendre les interactions des personnages dans leur essence afin de découvrir qui de l'homme ou de la femme possède les plus forts penchants vers l'inconstance et l'infidélité en amour.
On retrouve donc des influences espagnolisantes inconscientes à travers Calderon de la Barca en ce qui concerne la "mise en scène" de l'expérience du Prince et d'Hermiane qui renvoie assez directement au Gran Teatro del Mundo et sa recherche de la bonté humaine ; de même qu'à Tirso de Molina et El Burlador de Sevilla (ou tout autre histoire de Don Juan) quoiqu'ici aucune grande tirade viennent justifier ou expliquer que "tout le plaisir de l'amour est dans le changement" (Dom Juan, I, 2). Car peut-être l'intérêt majeur et principal de cette pièce est bien d'être du théâtre, ce sont les corps mis en scène pour les spectateurs qui se baladent dans ce décor de campagne (avec ce présupposé d'idyllisme, c'est la campagne des amours pastoraux de même qu'elle sera celle de l'Emile de Rousseau) qui font l'intrigue et la démonstration ; Marivaux relève par là une connaissance par corps tout à fait naturelle (même si elle est socialement et culturellement construite à travers le texte écrit). Une démonstration qui pour s'accorder à son sujet, la vie amoureuse, n'hésite pas à se montrer joueuse et complètement comique. Le tragique de l'amour n'apparaissant qu'en creux comme résultat du jeu amoureux.