Dans la tête d'un masculiniste en burn-out...son amour en déni pour une ex le fait buguer:

Livre sur duo à la Normal people mais version Wolf creek croisé à The Crazies...

De tous les Harry Crews, celui-là m'a été le plus éprouvant pour l'instant.

Je n'avais pas ressenti un tel malaise depuis mon visionnage en salle de Seul contre tous.

Je n'avais jamais vu et été pollué par tant de haine et rage palpables.

J'étais pas pressé de retrouver ce livre et certainement pas dans mon lit, pourtant il m'a été passionnant.

Le personnage a quasi tout pour plaire et "tout pour être heureux" comme disait ma grand-mère, mais il est pourtant toujours de mauvaise humeur intérieure même s'il arrive à donner le change.

Le lecteur, seul, sait qu'il est un homme en colère, rageux et hyper haineux.

Il est pourtant en apparence de bonne santé physique, grand , beau, marié à la Reine de Beauté de son lycée, a déjà deux jeunes beaux enfants dans leur belle caravane de luxe où sa femme fait tout...il travaille, il est en charge d'un magasin de liqueurs, est le boss d'employés (qu'il ne paye quasi pas leur ayant fait croire qu'ils lui étaient endettés et qu'ils le remboursaient).

Or, le lecteur apprend de ses confidences à lui même qu'il hait tout le monde: sa femme qu'il veut massacrer, ses enfants, ses employés etc.

Pour éteindre cette haine et rage, il se noie dans l'alcool. Fait de la musculation et passe son temps torse nu avec ses amis costauds.

Il est aussi en charge de l'organisation chaque année d'un week-end de fête où des gens viennent de partout pour passer 48 heures à massacrer tous les serpents qu'ils rencontrent.

Il y avait un épisode des Simpsons où Lisa tente de faire cesser ce massacre: mais c'est "une tradition".

Le père de cet alcoolique dont on est les seuls à savoir qu'il est chargé de tant de haine et rage, organise des combats de chiens.

Chiens qu'il torture avant dans des séances d'endurance et de rationnements de nourriture.

Chiens qu'il massacre à mains nus et à coups de pieds quand ils perdent.

J'ai alors passé tout le livre à me demander "Tel père, tels fils?" ...tant je me demandais si et quand cette grenade de haine humaine allait exploser? Sur sa femme, ses enfants, ses esclaves noirs ou autres.

Les raisons de sa haine sont pas claires mais je pense que c'est parce que l'amour de sa vie lui a échappé: mais il ne se le reconnait pas; il se ment à lui-même...pour lui, un homme, un vrai, ne fait pas de chichis...ne se laisse pas prendre par des émotions de "gonzesses".

Avec ses amis costauds, il prétend être solide. Quand ils passent devant un homme soulevant de la fonte...ils se mettent tous à soulever de la fonte pour voir qui en soulèvent le plus.

Bref, le concours de zizis habituel et qui domine ce monde depuis toujours.

(ps: une des scènes du livre m'est revenue lors d'une interview récente de Dany Boon...Les machos costauds harcèlent et s'amusent régulièrement d'un visiteur venu pour le Festival du massacre de Serpent...cet outsider tente d'être comique et de lier aux bullies locaux...il est riche tout maigrichon. Et un moment, la bande de Biff Tannen le jettent même en l'air sans cesse au point qu'il se chie dessus. (similaire est quasi arrivé sur scène à Dany Boon à ses débuts; à un spectacle en entreprises, des employés saouls l'ont rejoint sur scène et jeté en l'air de longues minutes))

ça l'aide sans doute pas non plus que sa soeur est alitée en permanence depuis des années.

Quand il la visite, elle se chie dessus et se fait un shampoing au caca.

Être aidant ne doit pas aider la santé mentale à la longue.

On comprend à demi-mots qu'elle a sans doute été une des nombreuses victimes du pédophile local que tout le monde semble connaître et laisser faire car ils sont soi-disant pas certains.

C'est surtout que ce pédophile violeur est l'hyper puissant shérif et maire.

Quand une femme lui résiste, il l'arrête et l'enferme au poste jusqu'à ce qu'elle cède.

Et tout ça, c'est quasi que le début de ce livre poisseux, inoubliable, hyper contemporain...

cette micro société masculiniste, massacrant la nature, tolérant l'intolérable car pratiqué par des puissants...est un modèle réduit de notre société et situation.

Lorsque le week-end et festival de chasse commence, j'ai appris au passage que les serpents aiment et ont tellement besoin de chaleur que, quand les températures chutent, ils profitent de terriers d'autres animaux dans lesquels ils s'invitent, et ces immigrés seraient réputés pour "ne jamais agresser leurs hôtes".