La Grande Chasse au requin - Le Nouveau Testament gonzo, tome 1 par Lion-lBlackadde

Le docteur Gonzo aka Raoul Duke aka H.S. Thompson, il est un de ces damnés freaks que seul l'Amérique est capable de produire, son nom sonne comme une mitrailleuse, son style aussi en passant. Journaliste borderline, frontline freak bourré à l'acide, à la drogue et au whisky, le seul mec capable d'aligner à la fois John Wayne (en le qualifiant de Requin Marteau- l'animal le plus bête de la création, qui cogne sur tout ce qu'il ne comprend pas)) et Andy Warwhol (en le qualifiant de Tocard à démi- crétin) dans une même chronique.



J'ai lu récemment sa " Grande chasse au Requin " recueil de ses chroniques des années 60-70, vaste fresque sur cette Amérique des années 60- encore puissante et créative, mais aussi inquiète, hargneuse, et en colère- en colère contre tous- Nixon, le gouvernement américain, les communistes, les beatniks, le black power, la drogue, le Vietnam etc.

Un grand moment de bravoure- sa récit de la campagne américaine de 1972 (avec la victoire de son ennemi absolu- Richard Nixon) et le Watergate de 1974- où avec son style incomparable il arrive à rendre passionnant voire jouissif ses considérations sur la politique américaine des années 1970. Mais au-delà de la légende, il y a l'homme et ses convictions, le gringo qui va se balader dans les barrios chicano de la L.A en pleine fièvre raciale, du journaliste qui passe à peu près tout à la moulinette, et qui ne se prive pas d'envoyer à la gueule de certains leurs mensonges pourris.

Un truc à retenir, cette réflexion si profonde et si juste " Pour ma part, je suis retourné à l'Holliday Inn- il y a une piscine et les chambres sont climatisées- pour méditer sur le paradoxe d'une nation si généreuse envers ceux qui, du fond d'innombrables sinécures corporatistes, chantent les louanges de l'individualisme farouche, et si ingrate envers l'armée décimée de ces réfugiés du passé qui le pratiquent au jour le jour sous une forme brutale, déracinée, suicidaire, parfois, dont la plupart d'entre nous se sont détournés depuis longtemps comme d'une habitude honteuse " Vivre au Temps d'Alger, Greeley, Debs, In National Observer, 1964- S.H. Thompson. Foutre que c'est vrai ! La plupart des libéraux ne vivent même pas dans le monde qu'ils fabriquent chaque jour. Comment comprendre la douleur de vivre à notre époque, si on n’a aucune idée de celle-ci ?

En 1964... Le cauchemar était une réalité, 40 ans plus tard, la réalité était devenue un cauchemar...

Mais au fond du trou mon désespoir, encore merci à Hunter S. Thompson d'avoir existé, voir passer tous ces sinistres clowns à la mitrailleuse, il n'y a rien de meilleur !