Cette période est propice à tous les sentiments de complots, toutes les frustrations liées à l'actualité continue et cette impression d'être écrasés par des luttes bien plus fortes que notre petit monde personnel.

Entre les infos qui n'en sont pas du journal de 20h et l'accès bonheur hystérique sur les réseaux sociaux, nous sommes hypnotisés avec tendresse ou fausse brutalité, c'est selon, par des films et des séries qui, dès que les génériques de fin pointent leur nez, sont rangés dans une boite adéquate de notre esprit. Protégés par un bel emballage à paillettes, soigneusement classés, les savoirs culturels attendent la bonne soirée, aux côtés de la bouteille de tournures d'esprits et la crème de sociabilité, afin d'être brandis fièrement, habillement projetés lors un silence furtif, entre noix de cajous et Mojito. Arrêtez de vous mentir, on a tous fait ça un jour. On a tous calculé notre pathétique intervention pour récolter un peu de poussière d'admiration.

Heureusement, il existe des hommes et des femmes, députés, élus ou pas, maires, journalistes, citoyens lucides, qui travaillent pour le bien commun, fendant les faciles déductions et les douteuses conclusions de leurs honnêteté courageuse, habités par on ne sait quelle croyance en notre espèce, rescapée de toutes les salissures de l'histoire. Raphaël Glucksmann est de ceux-là. Ceux qui enquêtent, ceux qui s'inquiètent de la tournure des évènements et qui cherchent des preuves afin de pointer du doigt les failles, les malversations et les mensonges. Pas seulement pour sortir un livre. Pas seulement par désir d'être un héros du droit ou de la république. Peut-être à cause d'une colère issue du sentiment d'être cerné par ces malfaisants qui mettent en péril notre monde et particulièrement ses valeurs d'équité, de paix et de bienveillance.

Il ne s'agit pas d'un preux chevalier contre des moulins. Il s'agit d'un combattant qui nous ouvre les yeux. Un travail plus qu'utile. Un livre indispensable pour ne jamais avoir à dire "on ne savait pas".

Impossible de ne pas penser aux années 30 lorsqu'on lit ces pages dans le contexte actuel. Impossible de ne pas sentir ce gouffre qui s'ouvre irrémédiablement sous nos pieds.

Il est temps d'oublier un peu nos petites querelles, nos pitoyables conforts et nos combats égoïstes. Nous avons quelque chose à défendre de plus grand que nous, cette chose imparfaite qui nous permet une certaine liberté, un semblant d'égalité et une possible fraternité.

embro
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le 30 janv. 2024

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