Un livre interdit par le Gouvernement, un nom fantôme, interdit de publication, un mystère que tout le monde cherche à enfouir... Le Livre de Cendres commence par un livre dans le livre et va nous narrer la double histoire d'un historien à la recherche de la vérité qui lit un manuscrit latin qui retrace l'Histoire, pas celle que l'on connaît tous, mais celle de Cendres, la guerrière oubliée.
Cendres a grandi dans un camp de mercenaires. Elle a été violée, battue, laissée pour morte. Mais elle s'est endurcie et au fil des premières pages de cet épais volume elle devient le leader d'un groupe de mercenaires.
Dans une Europe du XVème sicèle que l'on reconnaît vaguement, elle va assister à l'invasion inopposable des Wisigoths de Carthage et défendre la Bourgogne coûte que coûte.
Oui, vous avez levé les yeux, oui vous vous êtes demandé si j'avais lu le bon livre. Les aventures de Cendres, dont c'est ici le premier des quatre tomes, se passent dans un monde ni réellement uchronique, ni franchement heroic-fantasy. On sent bien la difficulté de classer le livre de l'Anglaise Mary Gentle dans un rayon bien précis. On la sent bien aux côtés de Christopher Priest, qui mélange science-fiction, uchronie, fantasy, délires de romanciers. Ici on peut même parler de fresque épique tellement les pavés de Gentle nourrissent l'âme et l'esprit.
À la différence des quatrième de couvertures qui en dévoilent trop, je ne dirais rien. Cendres est un livre étrange, dont on peut dévoiler la fin de chaque tome sans pour autant dévoiler le contenu puissant et violent qui est contenu entre chaque page.
Cendres est brutal, froid, cassant, irritant. Les personnages sont nombreux, presque foisonnants pourtant ils meurent aussi par paquet de dix, laissant souvent au lecteur et à Cendres le cœur meurtri. La correspondance entre un historien de notre temps et son éditrice brise volontairement les pages épiques avec des mails ou des lettres faussement ennuyeuses. Cette correspondance est en fait nécessaire à l'aération d'un livre épais et cotonneux, où l'on trébuche à chaque ligne. Le vocabulaire compliqué est surabondant, les références historiques volontairement obscures.
On se demande presque si Gentle a voulu qu'on lise ce premier tome, étrangement coupé dans l'action. Pas réellement un cliffhanger sexy, pas franchement un point final à un premier tome, "La Guerrière Oubliée" ne donne pas forcément envie de lire la suite.
Si on pouvait comparer Le Livre de Cendres à du Tolkien, ça serait bien sur la volonté d'être le moins dramatique possible dans sa forme mais de l'être dans ses enjeux dramatiques.
Et l'on comprend mieux, alors qu'on attaque les tomes suivants qui sont de plus en plus excellents, la difficulté qu'ont dû avoir les éditeurs français à sortir cette tétralogie. Pourtant, que ce soit pour eux ou pour les lecteurs, le jeu en vaut vraiment la chandelle.
madamedub
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le 17 juin 2011

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