La Lecture des Contresens

Le Troupeau de l’Antibourrasque, œuvre récompensée par le prix Goncourt de 2004, fut rédigée par Alain Damoiseau en 2006, éditée par Folie SF en 2005, et est vendue conjointement avec une bande originale, un marque-page, un DVD explicatif, un T-Shirt, et un mug thermosensible. Et aussi, ça se lit de la fin vers le début. Comme les mangas, oui ! Non attendez je m’égare...

Livre ! Pourquoi es-tu si complexe ? J’en aurais lu des livres bizarroïdes, mais dans ton genre tu es le premier ! Je t’ai fini jusqu’à la zéroième page et étonnamment je ne suis pas capable de savoir ce que je pense de toi.

Bon, commençons par le début, ça sera plus simple : La Ford du Contrevent c’est quoi ? C’est l’histoire d’un groupe de gugus qui veulent remonter le vent à pied pour savoir ce qu’il y a au bout. Et ça, franchement, moi, sur le papier, je suis fan. J’adhère, j’achète tout de suite. Je ne sais pas comment l’expliquer. C’est tout bête au fond mais c’est un peu comme Crime et Châtiment : c’est juste un gars qui tue et qui ne veut pas se faire attraper. Mais en fait c’est pas ça. C’est pleins d’autres choses qui sont cachées derrière ça. En bref c’est simple mais ça peut-être profond. Personnellement, dès le début j’ai trouvé la Horde très chouette. On avance, on souffre, on doute avec nos compagnons. Une belle aventure se profile à l’horizon.

Enfin ça c’est le début. Quelques pages plus loin on s’arrête et on prend le bateau (mais pas trop quand même sinon on triche). Pourquoi pas, ça change et on découvre des choses. Par exemple : les gens normaux, l’amour, une société à peu près aussi confortablement sexiste que la notre, et des choses qui rendent la quête un peu plus épique comme « La Poursuite ».

Et ce n’est pas tout. Bien vite nous découvrons également le Vif, les Chrones, les Autochrones, les Glyphes, les Formes. C’est quoi tout ça ? C’est du vent. Bon d'accord, objectivement c'est un peu plus que ça. Ce sont des notions uniques à ce monde qui viennent se greffer au récit pour l'étoffer. L'idée est bonne, par contre à chaque fois que l’une d'elle fait une apparition elle est généralement introduite de la façon suivante :

« Pose ton cul là pendant dix pages je vais tout t’expliquer. Mais dans quarante pages on efface tout et on recommence. »

Enfin, voyons. Livre ! Laisse-nous découvrir et tenter de comprendre les mystères de ce monde passionnant en même temps que les personnages s’il te plaît. Déjà ça aura l’air beaucoup plus naturel, ça sera l’occasion d’établir une certaine complicité, un attachement émotionnel, entre le lecteur et les personnages, et ça sera bien plus logique. Oui car ici à la place tu nous sors toutes les X pages des scènes où un personnage savait déjà pleins de trucs secrets et décide qu’il est finalement temps partager sa science. De un : Pourquoi avoir attendu maintenant ? De deux : c’est quand même fort suspect ! Pourquoi tout le monde, exception faite de la majorité de la Horde, semble-il déjà tout savoir ? Notre Horde serait-elle une bande de zigotos qui sont les derniers à savoir comment le monde tourne ?

Oui. C'est le cas.

Bon d’accord. Il est vrai que la Horde m’a par moment excédée jusque là mais, en toute honnêteté, je ne peux pas cacher le fait que c’est une lecture agréable malgré tout. Il y a de véritables moments de génie, de tensions, d’émerveillements. Ce sont ceux-là qui m’ont permis de tenir jusqu’au bout. Des moments insoutenables où le vent se dresse, seul, entre nos héros et leur destin. Où chaque mot fragilise un peu plus nos certitudes. Où la phrase suivante fait UN SAUT DE DEUX ANS ?! Hein attendez. Ah et au fait deux zigotos sont morts entre-temps ! Quoi ?!

Livre ! NON !!!