Sov Sevcenko Strochnis est le scribe de la 34ème horde du Contrevent. Avec ses 23 compagnons, il doit remonter le vent jusqu’en Amont. Personne n’est parvenu là-bas, mais eux, entraînés depuis l'enfance dans ce but, doivent y arriver. Chaque membre possède des compétences uniques qui les aideront à vaincre les innombrables difficultés de cette quête. Ainsi que leur propre caractère…
Alain Damasio est un auteur français et La Horde du Contrevent est son deuxième roman.
Le moindre qu’on puisse dire, c’est que cet écrivain a cherché l’originalité dans cette œuvre. La version grand format comporte plusieurs caractéristiques qui le démarquent d’un livre classique : numérotation inversée des pages, symbole précédent chaque paragraphe afin d’en identifier le narrateur, et même un CD de musique. Il faut d’ailleurs souligner que cette bande originale, ainsi qu’elle est présentée, ne doit être écoutée qu’après avoir terminé le roman, car elle dévoile toute l’intrigue !
La narration est partagée entre différents personnages et donne des points de vue radicalement divergents. Ainsi, les agressions violentes de Golgoth sont décriées par Pietro Rocca, mais parfaitement acceptées par Erg Machaon. Toutefois, seuls quelques personnages ont voix au chapitre, si j’ose dire. Le point de vue des crocs, du braconnier ou de l’artisan du bois (entre autres) n’est quasiment pas exploité et c’est un peu frustrant.
Le monde est extrêmement original. Tout est basé sur le vent, la technologie, la vie quotidienne, la culture, la science et même la magie. Ce travail de création est impression. Il est délicieux de se promener dans ce monde si étrange, de rencontrer des chrones et de participer à des fêtes. Les personnages sont travaillés, même si leur originalité est discutable. Le pire est bien le détestable Golgoth qui campe une racaille hystérique doublée d’un psychopathe. Son utilité, ainsi que sa nomination à la tête de la horde, est très discutable. De même, d’autres individus comme le prince ou le protecteur sont des postes soit superflu, soit au contraire pas assez nombreux. Mais bon, le spectacle est joli. Par ailleurs, Alain Damasio montre ses muscles avec la très impressionnante joute d’Alticcio. Le talent littéraire de cet auteur est authentiquement stupéfiant, même si ce passage ressemble quand même à de la frime.
Pourtant, une fois le livre terminé, une étrange impression persiste. L’histoire est passionnante et, même si son réalisme est parfois discutable, elle est formellement dépaysante. Malheureusement, le scénario s’abîme dans une tristesse perverse, certes très à la mode, mais désagréable. Les romances, en particulier, sont passées au broyeur de manière parfaitement arbitraire, sans oublier qu’il s’agit systématiquement d’amour libre. Enfin, la chute est plate. Sans spoiler, la mise en abîme (ah ! ah !) est une idée comme une autre, certes, mais qui aurait nécessité plus de développement pour en comprendre les conséquences. Il manque également la motivation pour effectuer ce périple (à part la gloire), et toute cette histoire ne semble être finalement que du vent.
La Horde du Contrevent est une magnifique œuvre d’art qui ressemble à la prestation d’un culturiste. Il y a plein de beaux muscles luisants, résultats d’un travail réel et d’un authentique talent, mais ils ne servent à rien. Ce livre propose plutôt une suite de tableaux, certes magnifiques, mais difficilement cohérents entre eux. À apprécier pour son esthétique, donc.