Avec La Maison aux neuf serrures, Philip Gray confirme qu’il est l’un des maîtres du thriller psychologique contemporain. Dès les premières pages, il nous emporte dans une Belgique d’après-guerre troublée, où la cendre d’un incendie à Bruxelles en 1952 cache des secrets bien plus sombres qu’il n’y paraît. Le commandant De Smet, tenace et tourmenté, s’empare de l’enquête, refusant de croire à un simple accident. Cinq ans plus tard, à Gand, la jeune Adélaïs de Wolf hérite d’une mystérieuse demeure aux neuf serrures. Ce legs inattendu va bouleverser son destin et révéler des secrets bien enfouis.
J’ai été particulièrement touchée par Adélaïs, héroïne singulière et fragile, marquée par la maladie mais d’une force intérieure bouleversante. Autour d’elle gravitent deux figures marquantes : Saskia, son amie fidèle, presque une sœur, qui incarne la loyauté et la tendresse dans un univers où tout vacille ; et Sébastian, ce jeune homme qu’elle sauve de la noyade, dont la présence va éveiller en elle un mélange de confiance, de doute et de désir de liberté. Ces liens, d’une grande justesse émotionnelle, donnent au roman une dimension humaine qui contraste avec la noirceur de l’intrigue.
Philip Gray excelle dans l’art du détail : chaque geste, chaque regard, chaque silence compte. Si le roman met du temps à se déployer , il y a un long prologue avant d’atteindre la fameuse maison. La montée en tension n’en est que plus maîtrisée. Lorsque les portes se referment sur leurs secrets, tout s’accélère : trahisons, faux-semblants, vengeance et révélations explosives.
Le final, à la fois tragique et jubilatoire, m’a laissée sans voix. Gray explore avec une finesse remarquable la manipulation, la culpabilité et la soif de justice. La Maison aux neuf serrures est un coup de cœur, un roman dense, habité, qui se dévore autant qu’il se redoute. Addictif, dérangeant et terriblement humain.
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