La moitié d'un jour pour parcourir la moitié d'un monde.

J’ai lu ce livre en une dizaine d’heures. D’une traite. La moitié d’un jour pour parcourir La Moitié d’un Monde, c’était de circonstances… Une fois empoigné, je vous mets au défi de reposer ce nouveau chef-d’œuvre de Joe Abercrombie ! Il vous attrape, vous emporte et ne vous lâche plus. Comme si vous aussi aviez embarqué à bord du Vent du Sud, le drakkar parti traverser la moitié du monde dans une quête incertaine. Portés par le souffle épique de l’écriture, vous avancez à vive allure dans les tumultes du récit, accompagnés dans votre aventure par des personnages qui deviennent au fur et à mesure de la lecture de véritables compagnons. Complexes, profonds, terriblement attachants, ils révèlent le talent de l’auteur pour la construction des personnages. On en retrouve certains issus du premier tome de la trilogie de La Mer Eclatée, Yarvi bien sûr, mais aussi d’autres plus inattendus que je vous laisse découvrir. Seulement, comme souvent avec Abercrombie, la perspective change subtilement pour faire avancer l’histoire à travers les yeux neufs de nouveaux protagonistes. On découvre donc Épine, gamine revêche qui rêve d’être reconnue comme une guerrière, au même titre que les hommes. Que de différences entre le héros de La Moitié d’un Roi et cette adolescente volcanique ! Elle est aussi butée que lui patient, aussi brutale que lui rusé, aussi forte que lui infirme, aussi… femme qu’il n’est homme ! Et pourtant, avec beaucoup de subtilité et de talent, l’auteur reprend le thème du voyage initiatique abordé dans le premier tome, dressant d’intéressants parallèles entre ces deux personnages que tout semble opposer. Cette façon originale de changer de points de vue ne se fait pas au détriment de l’intrigue générale de la trilogie. Au contraire, elle prend ici une ampleur nouvelle autour d’enjeux politiques plus vastes, saupoudrés d’une dose (subtile) de magie. Quittant les rives de la Mer Eclatée et son inspiration Viking, l’auteur nous entraîne dans les jeux de pouvoirs de nouvelles civilisations inspirées cette fois de la Russie médiévale et de l’Empire Byzantin. Quelles alliances faudra-t-il forger pour assurer la survie du Gettland ? Qui de Mère Guerre ou de Mère Paix aura le dernier mot ? On a qu’une hâte, lire le troisième et dernier tome pour découvrir la réponse. La Moitié d’un Monde conforte en tout cas Joe Abercrombie comme mon auteur préféré du moment. Vite, la suite !