Si tu pensais que l’univers feutré d’Orgueil et Préjugés était un endroit paisible, où les plus grands drames tournaient autour des mariages et des convenances, La Mort s’invite à Pemberley de P.D. James arrive pour te prouver que même chez les Darcy, on peut trouver un cadavre entre deux tasses de thé.
L’idée de départ est séduisante : prendre le monde délicieusement sarcastique de Jane Austen et y ajouter une enquête policière. Après tout, qui n’a jamais rêvé de voir M. Darcy troquer son air hautain contre une loupe façon Sherlock ? Le problème, c’est que le roman hésite constamment entre hommage respectueux et intrigue mollassonne.
L’histoire commence comme un bon épisode de Miss Marple : une nuit brumeuse, un cri dans la forêt, un corps découvert non loin du domaine des Darcy, et hop, voilà notre couple de légende plongé malgré lui dans une affaire criminelle. Sauf que… le rythme est d’une lenteur abyssale. Entre les protocoles sociaux respectés à la lettre et les dialogues qui s’étirent comme une valse interminable, on a parfois l’impression que l’enquête piétine plus que M. Collins tentant une déclaration d’amour.
Le style est fidèle à Austen, certes, mais le problème, c’est que P.D. James est tellement respectueuse qu’elle étouffe son propre récit. On aurait aimé plus de tension, plus de mordant, plus de piquant à la Elizabeth Bennet, mais au lieu de ça, on se retrouve avec un whodunit qui manque cruellement de punch. Les personnages, qu’on adore chez Austen, semblent ici figés dans la naphtaline, plus préoccupés par les convenances que par le crime qui vient de se produire dans leur jardin.
Alors oui, c’est élégant, c’est bien écrit, et les fans absolus de l’époque y trouveront un plaisir certain, mais pour ceux qui espéraient une enquête palpitante saupoudrée de joutes verbales à la Austen… eh bien, préparez-vous plutôt à un long thé tiède.
Bref, La Mort s’invite à Pemberley, c’est un mélange curieux entre le cosy mystery et le roman d’époque ultra-prudent, un livre qui veut marier l’élégance d’Austen au suspense d’Agatha Christie… mais qui oublie que pour qu’un mariage fonctionne, il faut un peu de passion.