Avec ce cinquième tome, Proust livre quasiment un traité sur la jalousie. Plus court que les deux précédents volumes, La Prisonnière traite presque intégralement de la relation du narrateur avec Albertine, sa concubine qu'il projette un jour d'épouser, l'autre jour de quitter. Il la tient effectivement prisonnière chez lui, pour se faire mousser de la priver de la vue des autres mâles, tout en se lamentant qu'elle l'empêche de poursuivre ses loisirs personnels, alternant entre indifférence et jalousie maladive. Il ressasse en effet continuellement quelques ragots et gestes aperçus qui lui laissent à penser qu'Albertine est lesbienne et qu'elle se livre à toutes les jeunes filles partageant son vice. C'est en effet aussi l'occasion de traités sur l'homosexualité, dans la continuité de Sodome et Gomorrhe, mais toujours aussi maquillés sous ce vernis de moralité. J'ai plus apprécié ce tome que le précédent, peut-être parce qu'il est plus recentré et plus court, qu'on y retrouve un peu de l'humour du Côté de Guermantes même si le ton général commence à se faire plus grave que précédemment. Par contre, étant le premier tome publié après la mort de Proust, il comporte plusieurs erreurs ayant lien avec des ajouts tardifs au manuscrit, principalement la mort de plusieurs personnages secondaires, mentionnées à un moment alors que quelques lignes plus loin ils sont encore vivants.