La Promesse de l’aube, d’abord, est très drôle, pleine d’autodérision, écrite avec un sens du comique qui se traduit tant dans les situations que dans le style. C'est un plaisir rare que de lire un roman qui manifeste à longueur de pages, par affleurements, une telle générosité dans les traits d'esprit, un tel sourire dans l'écriture.


Roman engagé, également — pas comme un manifeste politique, mais comme le porteur d’une certaine anthropologie (celle que l’on retrouve à longueur de livre dans les Racines du ciel) : la revendication d’une virilité chevaleresque, et d’un certain humanisme (au sens fort). Un roman on ne peut plus français, en un sens, si l'on croit encore à cette idée un peu désuète du génie national.


Une citation (longue) : « Il serait temps, d’ailleurs, de dire la vérité sur l’affaire Faust. Tout le monde a menti effrontément là-dessus, Goethe plus que les autres, avec le plus de génie, pour camoufler l’affaire et cacher la dure réalité. Là encore, je ne devrais sans doute pas le dire, car s’il y a une chose que je n’aime pas faire, c’est enlever leur espoir aux hommes. Mais enfin la véritable tragédie de Faust, c’est qu’il n’ait pas vendu son âme au diable. La véritable tragédie, c’est qu’il n’y ait pas de diable pour vous acheter votre âme. Il n’y a pas preneur. Personne ne viendra vous aider à saisir la dernière balle, quel que soit le prix que vous y mettiez. Il y a bien toute une flopée de margoulins qui se donnent des airs, qui se déclarent preneurs, et je ne dis pas qu’on ne peut pas s’arranger avec eux, avec un certain profit. On peut. Ils vous offrent le succès, l’argent, l’adulation des foules. Mais c’est de la bouillie pour les chats, et lorsqu’on s’appelle Michel-Ange, Goya, Mozart, Tolstoï, Dostoïevski ou Malraux, on doit mourir avec le sentiment d’avoir fait de l’épicerie. »

Venantius
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le 8 août 2015

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