Comme beaucoup, j'ai été happée par ce à roman, à la manière d'un thriller. Pourtant, cette lecture m'a mise très mal à l'aise.
Déjà, même s'il ne s'agit que d'une traduction, le style est très médiocre et le vocabulaire pauvre. Et si, d'après les notes de l'auteur, le travail de recherche historique semble avoir été mené sérieusement, ce récit ne saurait honorer la mémoire de Stanisława Leszczyńska, ni même de toutes les mères d'Auschwitz, et encore moins le métier de sage-femme.
Pourquoi? Ce roman n'a-t-il pas le mérite de mettre en lumière cette histoire peu connue dans l'Histoire? Certes oui. Mais quel amas de mièvreries! Qu'est-ce qui nous tient en haleine dans ce roman en dehors de l'histoire d'amour-ô combien hollywoodienne- entre Esther et Philip? A peu de chose près, on se croirait dans La Vie est Belle de Roberto Benigni. Divertissant, mais terriblement loin de la réalité. "L'amour est plus fort que leur haine" est le leitmotiv douçâtre du roman. Ah oui? Vraiment? Dans son livre peut-être puisque [attention SPOILER -tout le monde ou presque se sort miraculeusement et sans trop de séquelles de ces camps de la mort- fin SPOILER], dans l'Histoire vraiment pas.
Que penser du personnage d'Anna? Est-ce lui rendre hommage que de diviser la figure historique de Stanisława Leszczyńska en deux personnages? Sans les notes de l'auteur, impossible de se rendre compte de la force de caractère et d'esprit de cette femme.
Et quelle méconnaissance de la part de l'autrice de l'accouchement physiologique; de la suite de couches, de la relation mère-nourrisson et du métier de sage-femme. Tout y est édulcoré et ne peut avoir été décrit que par un homme ou une femme n'ayant pas connu ce déchirement du corps et de l'âme. Mais comme Anna Stuart semble avoir eu deux enfants, on mettra cela sur l'absence de talent d'écriture.
En résumé, c'est un roman mièvre, plat et d'une grande médiocrité dont le succès ne m'étonne pas, puisque vous prendrez plaisir à le lire. (Enfin, si lire un roman qui se réclame témoignage historique de la Shoah comme on lit un thriller ne vous pose pas de cas de conscience.)