Ender justifie les moyens.

Dans ce quasi huis clos, pesant et angoissant à souhait, au travers de salles et coursives de structures militaires en proche orbite terrestre ou à des années-lumières, on goûte la progression du jeune Ender dans les arcanes subtiles et douloureuses de captivants jeux stratégiques réels ou virtuels, on assiste à la montée en puissance de la construction froide et destructrice d'un enfant voué, à son corps défendant, à l'annihilation désespérée d'une espèce extraterrestre pour la sauvegarde de l'humanité, on se délecte du bluffant Armageddon final qui bascule opportunément en élan de tolérance et d'espoir... On apprécie, en parallèle, l'intéressant jeu cynique à front renversé de l'ascension auto-programmée de Locke et Démosthène à la conquête du pouvoir de la Terre via les réseaux sociaux (belle « anticipation » de ce point de vue pour un roman écrit en 1985). On peut sans doute déplorer un côté "super héros" un peu dérangeant à certains égards (Ender, tout jeune enfant puis pré-adolescent, jamais ne défaille, ni physiquement ni mentalement, tel un as des forces spéciales, froid et déterminé, gonflé aux stéroïdes!) mais comme on a envie d'y croire, ça passe et on en redemande! En filigrane, une réflexion, entre autres, sur le futur de l'humanité, la peur de la différence, le danger de l'ignorance, la manipulation et le conditionnement militaires, la raison d'Etat.
Un excellent roman de SF et un très bon roman.