Qui tisse un lien

Probablement un des meilleurs roman lu cette année- sinon le meilleur. Je ne sais pas s'il m'a charmé à la première phrase, ou avant, rien qu'au titre. Il l'a fait.
La plume d'Arthur Dreyfus est impeccablement efficace, très douce-amère, très franche. C'est la première fois qu'une écriture à la deuxième personne du singulier m’apparaît aussi implacable, aussi justifiée, aussi adaptée à un récit. Je crois que c'est également le seul livre qui évoque la seconde guerre mondiale qui est parvenu, non seulement à me toucher, mais aussi à me plaire, le tout sans tomber dans le moralisme ou les poncifs insupportables du genre.

Roman à deux voix, mêlant l'épistolaire et la biographie comme deux passés inextricables, deux temporalités différentes, la Synthèse du camphre est suturée de moments très denses (trop, peut-être, par endroit? Je sais qu'à un moment, je n'y croyais plus, je m'exaspérais d'Ernest, mais la fin a rattrapé ça, à mon sens) et de phrases "qui me parlent"

"La place à côté de la mienne est libre, j'y ai posé ma valise, ma caméra, mon sac à dos. Autour de moi les gens se rapetissaient pour laisser plus d'espace aux fantômes des prochains voyageurs."

Alors, comme je ne sais pas trop quoi ajouter, je vais me faire toute petite et laisser la place aux prochains voyageurs.