La thèse de Bérénice Levet est la suivante : le genre est une théorie qui s'installe de plus en plus confortablement dans l'imaginaire collectif, dans les institutions. Et elle n'aime pas ça.
Elle confond souvent ce qu'on appelle communément "le genre" avec ses versants les plus radicaux, comme certaines théories queer. Elle agite ainsi ce qui est le plus indigeste et contraire à l'instinct dans ces théories pour décrédibiliser "la théorie du genre" tout entière. Par exemple, la théorie du genre aurait pour but de supprimer les concepts de masculins et de féminins, d'où son sous-titre "le monde rêvé des anges". Ce qu'on nomme progressisme serait donc un simple retour vers le puritanisme, une façon de nier les sexes.
Là où elle se trompe, et beaucoup de connaisseurs le confirmeront j'espère, c'est que la plupart de ces mouvements, aussi disparates soit-ils, cherchent au contraire à se réapproprier la sexualité, à l'élargir, l'explorer, la libérer.
Malheureusement, elle pense aussi que le féminisme à terminé sa mission, que les féministes contemporains s'acharnent pour rien et qu'à part quelques inégalités de salaires, le patriarcat, c'est de l'histoire ancienne (à l'appuis bien sur tous les progrès qui ont été fait).
Mme Levet est réactionnaire en ce sens qu'elle nous fait l'éloge du poétique temps passé, de la "culture française", celle de la séduction, et de la séduction comme jeu universel de l'espèce humaine.
Malgré tout, j'aimerai revenir sur les différents points qui m'ont semblé dignes d’intérêt.
Tout d'abord, l'origine de terme "genre" qu'elle date dans les années 50 avec John Money et Robert Stoler, un psychologue et un psychiatre. Le travail de John Money consiste essentiellement à traiter des enfants hermaphrodites ou inter-sexes en leur choisissant dès leur naissance et avec leur famille, un sexe déterminé. L'auteure nous résume l'histoire de Bruce, un jeune garçon qui suite à un accident, est transformé en fille à l'âge de 8 mois, sur les conseils du docteur Money. Le docteur défend l'idée de la plasticité illimité du genre. Et l'histoire lui donne raison, jusqu'au jour ou Brenda, adolescente, apprend qu'elle est née garçon, et décide de redevenir un garçon...
Cette anecdote nous éclaire sur les questionnements que Bérénice Levet essaye de nous transmettre par la suite : Quelle est la légitimité de la théorie du genre? L'ouverture illimité des possibles mènent-elle à la liberté ou à l'angoisse existentielle? Même si le genre est entièrement culturelle, sans fondement naturels, est-il bon de remettre en question cette culture?
La théorie du genre étant si bien installée dans notre progressisme contemporain, que la vraie subversion serait de la questionner plutôt que de l'accepter d'office.

psymo
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le 17 déc. 2018

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