C’est en regardant une vidéo Youtube que j’ai entendu parler de ce livre. La Youtubeuse y développait surtout la première partie du bouquin qui nous explique le moyennisme, les normes mises en place et les grandes figures qui les ont fait naître. Le sujet est super intéressant car ça explique les bases sur lesquelles ont été bâties beaucoup de nos structures sociétales que ce soit dans le domaine éducatif ou professionnel pour finalement s’imprimer également sur notre propre vision du monde et la confiance qu’on accorde à certains chiffres en oubliant d’où ils viennent, ce qu’ils veulent réellement dire, leurs limites et leurs cadres spatio-temporels.

Une fois ce constat dressé j’étais curieuse d’en savoir + sur ce que proposerait l’auteur pour améliorer nos façons de faire, voire changer les choses. Malheureusement c’est peut-être ce qui pêche le +. Des idées sont amenées, même des petits tips, des exemples, mais fatalement non reproduisibles de manière systématique car propres à une configuration spécifique, principe qu’il prône : l’individualisation.

On voit la nécessité, on voit les failles des anciens modèles, pourtant il reste ce sentiment qu’en valorisant tant l’individualité (ce avec quoi je suis d’accord) ça implique d’abandonner des cadres et méthodes et ne plus avoir de repères, tout du moins tel que c’est présenté. Dès qu’on se met à envisager de se délester d’une idée reçue à laquelle il nous a fait penser on se retrouve comme les scientifiques décrits à qui il a présenté ses idées dans des conférences : un vent de panique, on se rend compte de l’importance d’avoir des idées fausses sur un sujet que pas d’idée du tout car dans ce dernier cas ce serait vu comme « de l’anarchie » pour les citer.



Du coup je reste sur ma faim. L’impression qu’il m’a dit « vous voyez on peut voir les choses autrement… mais à vous de voir comment » c’est réaliste mais très peu satisfaisant.

Il reconnaît lui-même les avancées qu’ont pu permettre les raisonnements faillibles qu’il critique sans arriver toutefois à envisager une manière de les améliorer concrètement ou même de combiner les deux approches. D’autant + que le mot principal qui revient est la « moyenne », la « norme » mais ça brasse beaucoup + de choses : les chiffres présentés, les clichés, les biais cognitifs, les images qu’on a dans cette idée de vision fixée dans le temps, le milieu scolaire, le milieu professionnel, la vie personnelle, la vie politique, la société, etc. Ça part dans tous les sens.

Parallèlement ce flou implique un côté stimulant d’un énorme champ des possibles à explorer, penser, découvrir, solutionner.



Alors ? Comment au moins s’éloigner au quotidien des erreurs de raisonnement qu’implique l’attachement à un chiffre ou même une idée simple appliquée à un groupe complexe ?

L’auteur invite à envisager chaque chose sous un angle pluridimensionnel et non unidimensionnel (j’appelle ça être réaliste) ; à analyser les éléments avant de les regrouper au lieu de les regrouper puis les analyser (nuance subtile peut-être cruciale) ; à toujours décrire autrui par le prisme de « si [telle situation] alors [tel trait de caractère] » (The Mask).

Je tâcherai de garder ces choses en tête quand j’aborderai des problématiques qu’elles soient purement intellectuelles ou pratico-pratiques mais ça semble quand même dérisoire face à la multiplicité des outils mathématiques proposés ou nos biais cognitifs qui veulent généralement quelque chose de rapide, simplifié et entrant dans un cadre immuable superposable à l’infini.



Au final je pense que pour se prémunir d’un raisonnement défaillant je ne peux que garder le doute en moi. Eviter autant que possible d’ériger des hypothèses en conclusions (et avoir l’honnêteté de reconnaître que ça n’est qu’une hypothèse).

Tout ce qui touche aux probabilités, aux statistiques, aux moyennes, aux études, soit tu connais à fond tout le raisonnement qui a donné ces chiffres (et donc leurs limites), ainsi tu ne les sors jamais du cadre restreint duquel ils ont vu le jour ; soit tu (te) les présentes comme étant une hypothèse qui résonne en toi et à laquelle tu souscris mais rien de + et qui demain sera peut-être complètement obsolète une fois qu’une nouvelle information sera venue la compléter. En tout cas, surtout pas une conclusion certaine. Et c’est exactement la même chose pour les clichés qu’ils soient mélioratifs ou péjoratifs.

On a naturellement besoin de certitudes pour appréhender le monde qui nous entoure. Autant de stabilité va pourtant à l’encontre de l’idée des changements perpétuels du monde valorisant plutôt la capacité d’adaptation plutôt que le statu quo.

Et plus ces certitudes sont ancrées plus on a du mal à les remettre en question (si tant est même qu’on les identifie) et on ne sait pas déceler l’éventuel problème de raisonnement qui nous empêche de nous améliorer.

C’est vaste, vague, applicable dans tous les domaines de la vie, frustrant.



Le domaine professionnel est sans doute le plus abordable car on est plus facilement dans l’identification de problèmes et donc on peut chercher à réfléchir différemment consciemment. C’était plus facile de se projeter, plus facile d’avoir des exemples qui corroborent ce que dénonce l’auteur, que ce soit en termes de gestion de service, gestion d’équipe, recrutement, confrontation à la réalité. En tout cas ça a été mon cas en tant que responsable comptable ? Peut-être que c’est moins pertinent dans des fonctions « cœur de métier » de sociétés industrielles comparativement aux fonctions supports d’une entreprise ?

En tout cas je pense qu’il y a beaucoup à faire au niveau des managers. Trop s’attacher aux chiffres sans voir les composantes non chiffrables qui l’impactent est ce qui caractérise les mauvais managers à mes yeux.

Etant incapables de réellement envisager en quoi consiste les postes qu’ils supervisent, les simplifier par des chiffres clés mesurables directement exploitables devient vendeur et donne l’illusion d’avoir des leviers pour ajuster la performance. Pourtant ça peut très vite s’avérer faux. Etayer ces chiffres par une vision multidimensionnelle + réaliste devient donc nécessaire pour avoir une meilleure vision, donc supervision, donc organisation/gestion du travail et des délais.

Après ça arrive que les gens soient juste cons et bornés ou arrogants et pétris de certitudes. Auxquels cas faut les laisser se prendre des murs. C’est étonnant comme certains arrivent à rester en place malgré tout, je me demande si c’est comme pour les chiffres faux plutôt que pas de chiffres du tout : on préfère parfois avoir quelqu’un de médiocre en faisant semblant de croire à la valeur de son parcours scolaire et professionnel et qui bon gré mal gré gère sa barque et sait être confiant plutôt qu’entrer dans la confrontation, devoir licencier puis recruter, devoir recommencer de 0, tout ça sans certitude de changer pour le mieux car après tout l’entreprise continue de tourner. Juste cette sensation qu’on est plus critique ou moins permissif avec le salarié opérationnel, c’est toujours lui la variable d’ajustement constamment insatisfaisante.

EEEEeeeenfin brrrrrrrrreeeeeeeeeeeeeeeef, je me sens divaguer.



C’était super intéressant. Je veux quand même + de pistes et d’idées sur comment fonctionner. Là tel quel – et bien que ce soit intelligible – j’ai du mal à voir comment l’enseigner tellement ça reste nébuleux en termes de méthodes.

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le 14 août 2025

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