Il n'est pas évident de critiquer un cycle qui n'est pas terminé mais je vais néanmoins m'efforcer d'expliquer ici pourquoi Les instrumentalités de la nuit mérite d'être lu.

En préambule, il conviendra d'indiquer aux fans de fantasy facile d'accès et à ceux qui n'ont pas appréciés la Compagnie Noire, du même auteur, de passer leur chemin. Le lecteur est ici face à un ouvrage, âpre, difficile d'accès.

L'auteur ne s'encombre pas de mise en place et lâche le lecteur dieu sait où, dieu sait quand. Aucun repères ne permet de situer les premiers segments de l'histoire entre eux. Le début de l'œuvre demandera au lecteur de s'accrocher pendant au moins un demi tome ( trois cent pages quand même ) c'est à dire jusqu'à ce qu'un cadre spatio -temporel soit esquissé, la suite adoptant une structure plus linéaire.

Le roman s'attache au parcours d'ELSE, officier praman qui va devoir s'infiltrer chez l'ennemi Brothien et se construit sur trois aspects distincts :
Le premier, c'est le conflit. Le grand. Une guerre de religion et de pouvoir dans le cadre d'une Europe médiévale alternative. Une guerre mais peu de combat au corps à corps noyés dans l'action, il est ici question de stratégie, d'alliance, de trahison entre et à l'intérieur de chaque camps. La guerre vue d'en haut. La base d'une histoire riche en rebondissement, entre lutte intestine et conflits à grande échelle.
Le second, c'est la mythologie. Les Instrumentalités, noires créatures issue de puits de pouvoir. Elles se font de plus en plus pressantes dans un mode en cours de glaciation. Il sera question de Dieux. Et comme toujours chez Cook, il ne sont pas tout blanc. Et ils peuvent mourir. Salement. Pour le reste : ordre religieux, shaman et sorciers assure le spectacle en se laissant décrypter petit petit.
Le troisième, c'est son personnage principal. Fade diront certains. Ce n'est pas mon cas. Sa personnalités entière et attachante permet de mettre en lumière tout une galerie de second couteaux bariolé, une des forces du roman.

La combinaison de ces trois aspects, dont il est impossible de déterminer lequel fait avancer les autres, donne une histoire touffue : un héros tiraillé entre ses loyautés, noyés dans un conflit magique qui le dépasse et devant gérer une guerre des hommes.

Si vous survivez au début, la récompense est donc à la hauteur des attentes : une histoire d'ampleur sachant se ménager des plages intimistes, des héros, des salauds, de grands pouvoirs, du rythme ( surtout à partir du deuxième tome ), des incertitudes,... bref une formule gagnante mais dans laquelle il faut faire l'effort de se plonger. Le plaisir est à ce prix.
Tus
8
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le 14 déc. 2010

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Tus

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