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Ben Ross, professeur d'histoire (qui ne maîtrise vraisemblablement pas son sujet), tente une expérience avec ses élèves. Alors qu'il aborde la question du nazisme et que ses élèves se demandent comment le drame de la Shoah a pu se produire, il leur propose de se livrer au petit jeu du totalitarisme. Il commence donc par leur imposer une discipline de fer. « La force par la discipline » est le premier slogan que récite la classe à l'unisson. Le tout se fait dans la bonne humeur, bien évidemment. Se pliant au jeu, le petit groupe décide de nommer ce simulacre de mouvement 'La vague'. Son second mot d'ordre est « La force par la communauté », et avec cette idée, les barrières entre les élèves vont disparaître, ce qui, en soi, n'est pas mal puisque même Robert, le souffre douleur de la classe, parvient à se faire respecter et à trouver une véritable raison d'être à travers le mouvement. C'est avec le troisième volet de La vague, « La force par l'action », que la simulation n'a plus rien de ludique. Dès lors, les lycéens virent dans le plus pur stéréotype de fascisme.
Les lycéens, parlons-en un peu. Ces derniers sont creux, Strasser ne leur donne aucun relief et on ne sait rien sur eux si ce n'est leurs noms insipides comme Brad ou Brian. Ces adolescents là ne sont bons qu'à glousser bêtement pour quelques plaisanteries frivoles. Ainsi, lorsque leur inanité se confronte à l'horreur des camps, on a un peu l'impression de se trouver face à un épisode de Beverly Hills qu'on aurait pu intituler 'Brandon et ses amis découvrent la Shoah'. Face à la découverte du gazage des juifs par paquet, ces jeunes s'offusquent naïvement en affirmant que jamais au grand jamais ils ne se seraient laissé prendre, eux, dans le piège du totalitarisme. Face à cette réaction simpliste et toujours très facile à adopter en temps de paix, leur professeur tente de leur décrire le contexte de l'époque. Seulement, ce-dernier, décidément très fébrile, est vite dépassé par les questions que lui posent ses élèves sur cette période noire de l'histoire. Si bien qu'il en vient à potasser des livres sur le sujet, en mode 'Auschwitz pour les nuls', à croire qu'il a oublié ses fondamentaux sur la seconde Guerre Mondiale.
On peine à être convaincu par cette histoire qui est cependant 'tirée de fait réel' (argument toujours très racoleur et sujet à caution), tant les adolescents sont transparents, d'autant plus étonnant au regard de ce qu'est l'adolescence : une période de formation de soi, de rébellion... Mais non, chez Strasser les adolescents ne ressemblent à rien et on ne s'étonne ainsi guère du fait qu'ils soient malléables, influençables et dépourvus d'identité.
La vague possède toutefois la qualité d'être un récit laconique et très aisé à lire. Et pour cause, c'est écrit avec les pieds et sous couvert de proposer un roman de 200 pages, ce dernier est rédigé dans une police de taille avec un interligne conséquent. Il est question ici d'un roman partial, binaire et d'une effroyable naïveté. Un récit qui se veut moralisateur afin de faire valoir le fait qu'il ne faut pas oublier. Mais si l'on ne veut pas oublier il y a les livres d'histoires pour nous aider, ou encore les témoignages de certains survivants. Primo Levi, Eli Wiesel ou encore Jorge Semprun ne sont que quelques uns des plus illustres représentant de ce qui se fait en la matière. Et quand bien même, La vague est un mauvais roman qu'on aura vite fait d'oublier.