C'est ainsi que se termine ce roman bouleversant, effrayant et d'un pessimisme à nul autre pareil.
L'auteur roumain, Constantin Virgil Gheorghiu, a connu une vie plutôt chaotique du fait, entre autres des changements d'orientation politique des gouvernements des pays (Roumanie, Croatie puis Allemagne) où il a vécu les années d'entre-guerre et de guerre. Violemment anti-communiste, il a fini par obtenir l'asile politique en France en 1948 après avoir été emprisonné à plusieurs reprises en Allemagne par les américains.
Le roman décrit les itinéraires d'un paysan Yohan Moritz d'un petit village de Roumanie et d'un intellectuel fils d'un prêtre orthodoxe Traian Koruga du même petit village.
Les deux personnages se croiseront à diverses reprises.
Traian Koruga observe les diverses situations kafkaïennes que l'Homme est amené à subir du fait des totalitarismes qu'ils soient soviétiques ou nazis. Ainsi l'Homme au-delà de la vingt-quatrième heure se transforme irrémédiablement en homme-machine ou en citoyen technique et perd complétement son libre-arbitre ou sa liberté. La preuve en est que même si on fuit les 2 totalitarismes précités, on se retrouve chez les "américains" ou chez les "occidentaux" qui ne peuvent faire autrement que de se protéger préventivement et d'interner ces fuyards. Et même ceux qui sont chargés d'interner ces pauvres bougres ne peuvent rien faire contre cette loi générale. Comme s'ils étaient eux-mêmes prisonniers de cette loi générale.
Quant à Yohann Moritz, lui va vivre treize ans d'internements variés et successifs – pour rien – gratuitement !
Résumons l'essentiel de l'effrayant itinéraire du héros. Au départ, un acte malveillant d'un policier du village roumain (qui convoite en vain son épouse) le désigne faussement comme juif et le fait interner. Il s'évade vers la Hongrie où il est interné cette fois comme espion roumain puis vendu à l'Allemagne comme travailleur volontaire où il est repéré par un colonel SS comme le type même du pur aryen et sous sa protection, devient gardien SS d'un camp ; il s'évade à nouveau cette fois avec des prisonniers français qu'il est censé surveiller mais est emprisonné à l'arrivée par les américains comme criminel de guerre dont il ne parviendra qu'à la longue à se libérer pour retrouver sa femme et ses enfants qui ont fui la Roumanie après des exactions des soldats communistes. Il restera libre 18 heures chrono avant d'être interné à nouveau cette fois avec toute sa famille dans un camp américain, cette fois à cause de la nouvelle guerre dite froide entre blocs Est/Ouest… Bien sûr, je pense que Gheorghiu force bien un peu la note pour montrer l'absurdité du monde nouveau et surtout les nouvelles servitudes auxquelles les gens doivent se plier.
Mais n'y a-t-il pas un fond de vérité, vrai encore aujourd'hui et peut-être de plus en plus, à cause de réglementations plus précises ou plus contraignantes, à cause des méfiances face à l'inconnu, dans le fait que quelqu'un qu'on déracine ou qui fuit pour un monde qu'il espère meilleur, restera toujours l'étranger et par conséquent potentiellement suspect.

JeanG55
8
Écrit par

Créée

le 13 nov. 2020

Critique lue 419 fois

2 j'aime

JeanG55

Écrit par

Critique lue 419 fois

2

D'autres avis sur La Vingt-Cinquième Heure

La Vingt-Cinquième Heure
JeanG55
8

Keep smiling

C'est ainsi que se termine ce roman bouleversant, effrayant et d'un pessimisme à nul autre pareil. L'auteur roumain, Constantin Virgil Gheorghiu, a connu une vie plutôt chaotique du fait, entre...

le 13 nov. 2020

2 j'aime

Du même critique

La Mort aux trousses
JeanG55
9

La mort aux trousses

"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...

le 3 nov. 2021

23 j'aime

19

L'Aventure de Mme Muir
JeanG55
10

The Ghost and Mrs Muir

Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...

le 23 avr. 2022

21 j'aime

8

125, rue Montmartre
JeanG55
8

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

le 13 nov. 2021

21 j'aime

5