La Voix des morts - Le Cycle d'Ender, tome 2 par Sanael
Ce bouquin n'est pas une suite même si c'est un tome 2.
Ça a beau être le même univers, il a évolué, s'est développé. Le protagoniste a changé, mûri, vieilli.
Oh, avoir lu « La stratégie Ender », ça permet peut-être de ne pas se dire que Scott Card nous pond un héros torturé sorti de nulle part, mais en fait, on s'en fout.
Et les suites, on peut les lire parce que quand on arrive à la fin, l'univers et les histoires sont tellement riches et développées qu'on a pas envie de les lâcher là, mais on peut aussi les ignorer - c'est pas plus mal, et passer une semaine de plus à rêvasser autour de cet univers, à imaginer ce qui va suivre, ce qui se passe qu'on ne nous dit pas. Il y a vraiment matière à ça.
Bref, c'est un bouquin isolé, et pris comme ça, parfait.
Sauf que non, il n'est pas seul. Et du coup, on débarque dans un univers qui a été travaillé, anticipé, où la hard science a déjà été abordée, dans lequel le système gouvernemental a été traité.
Il y a une histoire, un passé, qui n'est pas un simple « alors là on dirait que avant il s'est passé ça », et ça enrichit les personnages en évitant des scènes d'ouvertures à rallonge.
Ce qui est, est, et c'est très bien comme ça, parce qu'on n'est pas dans un bouquin ou on veut t'en balancer plein la vue du « T'as vu ma putain d'idée » mais dans un livre sur les relations sociales.
Alors les voyages spatiaux, décalages temporels, races extraterrestres, IA, et autres joyeusetés, c'est le décor - ou plutôt non : ce sont des mondes entiers aperçus en arrière plan.
Là, on arrive aux nombreux personnages, tous plus ou moins heureux, plutôt moins que plus d'ailleurs. Pour la plupart, leur vie est un drame.
C'est ici qu'intervient Andrew Wiggins, porte parole des morts, qui a pour rôle de faire un non-éloge funèbre. Il doit « juste » apprendre à connaître le défunt, avec empathie - mais sans compassion. Puis il doit transmettre ce qu'il a compris, ressenti, ce que le mort a vécu, été, réellement, aux autres.
Et c'est là que c'est un personnage fantastique : il arrive a balancer à la gueule de tous, amis et ennemis, cette vérité différente de ce qui était admis, dérangeante, à la faire accepter, sans pour autant avoir exagéré, ni fait dans la démagogie. C'est un super héros dont le pouvoir est l'empathie.
La manière dont Scott Card dépeint la société Lusitanienne, la manière dont Ender ne s'y intègre pas, les relations avec les Piggies et Jane, font de ce bouquin un des livres de science fiction les plus juste dans les interactions sociales.
Et du coup, la réelle marionnette de Scott Card, ce n'est pas un protagoniste de l'histoire, mais moi. Putain il me ballade de bout en bout, parle si juste que j'me retrouve tantôt avec le cafard et la carotide en carafe, tantôt avec un sourire béat agrippé a mes oreilles.
Merde, doué le gars.
Ah, au fait. Le monde est génial. Je l'ai dit ?
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