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Pirandello n'est pas Philip K. Dick (ou est-ce l'inverse ?)

Oui, bon... J'ai voulu lire une pièce des débuts de Pirandello en tant que dramaturge (alors que j'avais envie d'en lire une autre bien plus tardive) et le moins qu'on puisse dire, c'est que je ne suis pas convaincue par mon expérience. D'autant que ça commence par un titre qui me semble très mal traduit, en tout cas pas du tout en accord avec le texte lui-même. Dans les dialogues, il est sans cesse question d'honnêteté (et de plaisir, un peu), dans le titre l'honnêteté s'est muée en honneur. Et sans être très douée en italien, il me semble que "Du plaisir d'être honnête" ou "Le plaisir d'être honnête" ou encore "Le plaisir de l'honnêteté" convenait mieux à "Il piacere dell'onestà" que "La volupté de l'honneur". Bref.


Peu de personnages. On est au début du XXème siècle et Agata, femme célibataire de 27 ans, se retrouve dans une situation "intéressante" après s'être un peu - voire beaucoup - laissée aller, sous le regard indulgent de sa mère - qui sait bien pourtant que ça ne se fait pas - avec le marquis Fabio, lui-même marié. Séparé de sa femme, mais marié tout de même. Catastrophe, donc. On doit marier Agata en urgence. Pleurs, regrets tardifs et déclamations dramatiques des uns et des autres à l'arrivée de Baldovino, le mari potentiel. Un mari qui ne demande même pas d'argent pour jouer son rôle, qui doit sauver les apparences et permettre aux amants de continuer à roucouler tranquillement, et dont on espère bien se débarrasser au plus vite, y compris de façon peu honnête. Le hic, c'est que lui prend son rôle très au sérieux. Il ne prend d'ailleurs pas le marquis au dépourvu : il sera honnête et tyrannique, il le dit - avec force démonstrations et autres argumentations bien tournées. Personne n'y trouve rien à redire, jusqu'à ce que la situation devienne invivable : en clair, Baldovino est si investi de son rôle que le marquis ne peut plus coucher avec Agata. Le marquis essaie donc de coincer Baldovino en le faisant passer pour un voleur (je vous passe les détails), Baldovino s'en aperçoit et s’ensuivent des discussions sans fin où Baldovino prétend porter le masque du voleur pour... Je ne sais plus trop pourquoi, en fait. Il y a tout un raisonnement qui m'a paru hautement fastidieux autour de cette faute que Baldovino prendrait ou pas sur lui. Bref, Les personnages sont pris dans un réseau de faux-semblants dont ils sortiront (du moins certains d'entre eux) grâce à l’ultime intervention d'Agata.


Alors oui, il y a tout un questionnement sur les apparences, la comédie (ou le drame ?) jouée par les protagonistes, les masques que chacun porte dans la vie, les limites poreuses entre le personnage que l'on joue à être et l'être qu'on est réellement. Bref, c'est du Pirandello. Mais j'ai trouvé le texte vieilli, bavard, pas très subtil, voire abscons par moments, à force de dialogues alambiqués - les monologues de Baldovino, surtout, deviennent facilement ennuyeux. Ce doit être beaucoup plus agréable en italien, mais tout de même... J'ai cherché à découvrir une pièce un peu moins connue que les autres, c'était une mauvaise pioche. Clairement, j'aurais préféré relire Ubik ou revoir le premier Matrix.

Créée

le 4 nov. 2017

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