Gestion... culturelle : ça sonnait comme fascisme humaniste ou guerre propre.
Alain Damasio a un sens de la formule très grandement développé. Titre accrocheur, couverture attirante et 4ème de couverture plus que vendeuse : La Zone du Dehors se compose d'arguments de poids !
Mais il va souffrir d'une comparaison dévastatrice : Si vous le lisez après La Horde du Contrevent, La Zone du Dehors semble un peu plus pale, moins épique, moins grandiose, grandiloquent que la Horde.
Mais que vaut La Zone du Dehors ?
Bien loin du sujet de La Horde, Damasio va taper vers Orwell. Damasio à de l'imagination, du talent et surtout de l'ambition. Oui, il faut beaucoup d'ambition pour aller écrire "2084". Il faut avoir des couilles parce que beaucoup vont vous attendre au tournant quand on "s'attaque" au génial 1984.
Mais c'est là le talent de Damasio, au delà d'avoir de l'ambition, l'homme a du talent, écrit peu mais écrit exceptionnellement bien. C'est d'une fluidité, d'une visualité, c'est très bien narrer, certaines phrases sont des pures punchlines pendant que d'autres paragraphes sont susurrer à l'oreille et que d'autres prennent une forme poétique et prophétique. Damasio narre d'une manière bien particulière que ceux qui ont lu La Horde du Contrevent connaisse. Passant d'un personnage à l'autre, Damasio nous fait vivre cette volution de l'intérieur.
Cette aventure Cerclonienne ne se résume pas, elle se vit. Car l'histoire est trop grande, trop importante. Encore une fois Damasio livre un livre d'une étonnante totalité. En 650 pages, il arrive à nous faire passer par tous les sentiments en passant de chapitre épique, politique, aventurier, romanesque et romantique. Anticipateur, anarchiste, critique, Damasio voit dans ce livre un concentré de revendication moi j'y vois encore une fois un livre d'une richesse insoupçonnable qui reste dans la tête, qui fait réfléchir, qui fait vibrer par la charisme de ces personnages : Captp, Slift, Boule de Chat, Kamio et ses envolées lyrique.
Quelques petits passages :
"Change l'ordre du monde... plutôt que tes désirs... Tes désirs sont désordres..."
"L'imitation et le conformisme se propagent en coulée de ciment et pourvoient à la cohésion du corps social."
"Réfléchir, c’est fléchir deux fois."
"Le temps est hémophile. Je le sais aujourd'hui. Il est blessé. Il ne cicatrise pas. Il coule, a coulé. Coulera. C'est une extraordinaire chose qu'aucun instant n'ait jamais pu se maintenir. Se poser là. Debout. Et rester indéfiniment ce qu'il est. J'ai le sentiment que si je pouvais rester deux secondes exactement le même, alors le temps appuierait sur pause. Je ne sais pas être calme. "
Il y en a tellement d'autres, l'assaut de la tour mené épiquement, les échanges A, le cours sur le Clastre, les échanges entre Slift - Kamio et Captp....
Les noms des personnages vous paraissent abracadabrantesque, volution n'existe pas, Cerclon non plus, bienvenue dans l'imagination débordante de Damasio qui une nouvelle fois déborde de talent !