Ce recueil de nouvelles est véritablement déroutant. Nous entrons là de plain-pied dans des univers irréels et fantastiques peuplés de lapin ensorcelé – la première nouvelle qui donne son titre à l’ensemble du livre – de tête parlante, sortant d’une cuvette de toilette, de renard au sang d’or, de fantômes, d’apparitions et de monstres divers.
En tant que lecteur il faut accepter d’être bousculé, de ne pas forcément tout comprendre, de naviguer dans des zones où aucun de nos repères habituels n’a de valeur. Et si on y parvient, on éprouve un vrai plaisir à la lecture de ces nouvelles, se demandant où va nous conduire la prochaine.
L’auteure ne semble s’être fixée aucune limite créative et d’imagination. Une lecture au premier degré peut être simplement vécue comme déroutante. Mais si on y regarde de plus près, ces contes fantastiques, parfois un peu angoissants, sont aussi des moyens de délivrer des messages sur nos sociétés, sur les relations humaines, sur la place de l’image, le développement et les dangers de l’intelligence artificielle, les dérives du culte du jeunisme…
Ce livre est clairement un objet non identifié, en marge et clivant. C’est une manière totalement différente d’aborder l’imaginaire romanesque. On ne peut pas aimer un peu ce livre. On adorera ou on détestera ces 10 nouvelles qui sont par ailleurs portées par une qualité littéraire indéniable (et on ne peut que saluer le travail des traducteurs).
Une fabuleuse découverte, surprenante et décalée qui sort des sentiers battus avec une belle conviction !