Le Bossu, le roman

Le bossu est un roman de Féval publié en 1858 en pleine période romantique qui a été immortalisé à l'écran par Jean Marais dans le film de Hunnebelle.
Il comporte pratiquement 700 pages. Connaissant bien le film de Hunebelle, évidemment j'ai eu tendance à les mettre en perspective.
Avec un roman de cette taille, on est en droit de se dire qu'on va en voir pour son argent.
D'un côté oui, car il y a beaucoup plus de personnages et l'histoire quand même plus complexe. En effet, une question qu'on ne se pose pas (trop) en voyant le film est la vraisemblance générale de l'histoire ; je veux dire par là, comment se fait-il que, dans le film, Jean Marais ramène Aurore de Nevers au bout de vingt ans sans que personne, à commencer par sa mère, n'ait eu de soupçons sur la pureté des intentions de Jean Marais (enlèvement, kidnapping, objectif la fortune de la famille de Nevers, etc ...) ?
Le roman répond parfaitement à cette question et on y voit que les retrouvailles ne sont pas si évidentes que ça et que les malfaisants ont, eux, bien utilisé le laps de temps pour refaire l'histoire à leur avantage. Le petit père Lagardère aura fort à faire pour arriver à se justifier.
D'un autre côté, le roman de Féval sacrifie à la mode du XIXème siècle où il fallait, pour être un écrivain sérieux et considéré, écrire des ouvrages d'une taille respectable. Je ne sais pas si c'est le cas pour le roman "le bossu" mais souvent ces romans paraissaient sous forme de feuilletons...
Mais, alors que chez Balzac, les descriptions sont toujours utiles et bien placées pour mettre le lecteur dans l'ambiance, chez Feval (comme d'ailleurs dans les romans de Hugo, faut bien l'avouer), il y a aussi des descriptions mais ce sont souvent des digressions où l'auteur part dans des tas de considérations un peu inutiles et facilement hors sujet. Pour donner un ordre d'idée, dès la page 150, Lagardère est de retour à Paris et se déguise en bossu. A la moitié du livre , on est quasiment à 24 heures du dénouement. Or lire 350 pages en 24 heures chrono, ça n'est pas possible (enfin, dans mon cas, j'ai du mal..). Donc le temps réel du livre est bien plus lent que celui de la vraie vie. Quel tour de force ! En fait pour tout dire, il y a énormément de flash-backs. Tout se passe comme si l'auteur, dans sa lancée, se dit "houps, j'ai oublié de dire ceci ou de présenter cela". Et plutôt que de revenir en arrière pour corriger (ce qui est très facile avec le traitement de texte Word), ben, dans le roman, il écrit en vitesse, là où il en est, un petit chapitre pour décrire ce qu'il avait oublié.
Bon, ceci étant dit, l'histoire reste très belle, les bons personnages sont bons et bien et pleins de grande noblesse, les mauvais personnages sont bien mauvais et pas bien du tout, pleins de noirceur... Ouf, c'est bien un livre de cape et d'épée.
A la fin, après avoir bien souffert (que ce soit les héros du livre ou le lecteur), tout va bien, je vous rassure.