Revenir sur l'affaire Markovic

Un immigré yougoslave a fait chanter du beau linge dans la France des années 1960 et 1970, avant d'être retrouvé assassiné. Il participait à des soirées libertines où il photographiait des dames du monde pour les faire chanter ensuite, les méthodes ayant failli éclabousser Georges Pompidou, premier ministre devenu chef de l'Etat. Et l'énergumène, Markovic, ayant fui le régime de Tito, a réussi à se faire employer par Alain Delon, déjà acteur en vue, qui l'utilise notamment comme portier, puis plus globalement comme homme à tout faire. Il est retrouvé mort dans une décharge d'Elancourt, dans les Yvelines, l'enquête concluant à un assassinat, dont l'auteur est resté non identifié.

C'est bien ce dernier point qui tourmente le journaliste qui écrit ce livre. Il témoigne de sa nouvelle enquête. A l'époque, il avait été recruté, tout jeune par un reporter de légende, Pierre Salberg, pour éclaircir ce mystère qui envahissait les esprits au coeur des années 19570. Il retourne dans la presqu'île de gens, retrouve des lieux découverts à l'époque et leur charme indéniable. Le coeur de la reprise de ce travail constitue de nouveau à connaître le degré d'implication d'Henri Diana, homme d'affaire et figure du milieu, également assassiné.

Beaucoup d'interrogations s'entremêlent, des détails sont bien éclairés, il se souvient des conditions de son enquête de l'époque ; il arrive certainement à remettre de l'ordre dans les questions en suspens ; les démêler près d'un demi-siècle paraît moins simple, et c'est là que réside le coeur de l'intrigue.

Il réalise surtout que ce qui lui manque n'est autre que la présence protectrice de Salberg, qui semble toujours rôder autour de lui. Beaucoup de questions restent donc en suspens, mais une fidélité dans le compagnonnage sauve cette investigation qui apparait partiellement vaine. Cette lecture vous dira à quel point.

L'âme humaine mérite d'être sondée, et cela prend certes du temps.