Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates par giainpe
Ce livre paru chez Bloomsburry me fut conseillé sur internet via Twitter et est le premier d'une longue série qui aura permit à ce site de voir le jour.
Je tiens tout d'abord à dire que j'ai lu ce livre en anglais et malgré tout le mal que je peux me donner (enfin c'est plutôt un réel plaisir), certaines nuances ont pu m'échapper et je souhaite m'en excuser par avance si mes impressions, après tout ces reviews d'œuvres ne sont que l'impression que les livres nous ont laissés, viennent de passages que j'ai pu comprendre de travers.
Mais commençons à parler de ce livre.
Tout d'abord, ce n'est pas un roman ordinaire, son format n'est pas commun. En effet l'histoire qui nous est racontée se fait sous forme d'une compilation de correspondance entre le personnage principal, Juliet, et une myriade de personnages (voire entre ces personnages seulement). Cela surprend au départ, nous ne sommes que très peu habitués à ce genre et même en ayant lu Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, le style est vraiment différent.
Pour planter un peu le décor, Juliet Ashton a écrit durant la seconde guerre mondiale des petits écrits qui sont parus dans les journaux et au lendemain de la guerre, son éditeur et ami Sidney a publié ces écrits en les regroupant dans un livre. Malgré toute son appréhension, le livre se vend très bien, c'est un succès. Elle cherche cependant une nouvelle idée pour un bouquin et ne trouve pas. C'est alors qu'un habitant de Guernesey lui envoi une lettre, lui disant qu'il était entré en possession d'un livre qu'elle avait détenu et qu'il voulait avoir plus de livre de cet auteur qu'il trouve fantastique. Une correspondance régulière naît et elle découvre peu à peu le club de lecture dont cet habitant, Dawsey Adams, fait parti et qui s'est créé bien mystérieusement durant l'occupation allemande. Nous en apprenons alors de plus en plus sur les conditions de vie sur cette île durant l'occupation et c'est là qu'apparaît le vrai génie de ce livre à mon humble avis.
Je dois confesser que je ne suis absolument pas fan de l'histoire de cette période, je trouve que nous ne faisons que rabâcher toujours la même chose et on ne voit pas assez le quotidien de millions de personnes. Ici, j'ai eu plaisir à découvrir ce que pouvait être la vie sous l'occupation, voir comment chacun vivait réellement et le sentiments dans tous les camps : les habitants, les prisonniers rendu à l'esclavage, les soldats qui sont des humains avant tout et leur hiérarchie qui sont, eux, des vrais bourreaux pour tous les autres « camps ». On se surprend à avoir peur pour un soldat et une habitante qui ont un enfant, on s'émerveille du génie d'invention qui aura permis la création du club de lecture « The Guernsey Literary and Potato Peel Pie Society », on est terrifié par les conditions de vie de tous ceux vivants sur cette île en complet embargo et qui n'a aucune nouvelle. Juliet trouve là matière à son nouveau livre et décide de se rendre sur l'île.
Je me dois à nouveau d'insister que tout ceci se fait sous forme de correspondance et j'en reste encore estomaqué. Il n'y a que très peu de détails du fait que ce soit des lettres, mais on a devant soit une peinture très réaliste et qui vous plonge au cœur de l'histoire.
Je n'en dévoilerai pas plus sur l'intrigue (en réalité il n'y a pas d'intrigue à proprement parlé, c'est plus une histoire) car j'espère que vous lirez ce roman.
Je tiens juste à ajouter une dernière chose qui m'aura toujours marqué chez les anglais, et plus particulièrement en Grande-Bretagne, c'est leur sensibilité aux mots et encore plus à l'écrit. Il m'a été donné de constater ceci dans mes relations professionnelles, mais cette sensibilité est mise en exergue au cours des correspondances. Je me suis rendu compte que tout mot doit être choisi avec une très grande précision et de nombreuses circonvolutions et nuances doivent être ajoutées pour ne pas heurter. Ceci ne s'applique pas qu'aux lettres envoyés entre personnes qui se connaissent à peine. Cette attention portée sur la façon de dire les choses fait que tout semble calme et posé et qu'aucune intention de blesser ne doit apparaître. Ceci n'existe pas en français, dans de telles proportions tout du moins. Cette délicatesse apportée à l'écriture vous fait sentir tous léger, une impression assez étrange pour une lecture, elle vous transporte littéralement et c'est avec un véritable plaisir que l'on n'arrêtera sa lecture qu'à la fin.
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