Nino Haratischwili est une excellente conteuse. Elle installe des personnages bien construits dans des situations abracabrantesques depuis les confins Sud de l’URSS en train de se disloquer.


Dans un ensemble de tours de la banlieue de Moscou dans les années 1970, Malich est un gentil garçon que sa mère veut absolument voir rejoindre l’armée russe sur les traces de son père mort en héros en Afghanistan. Il se débrouille pour échouer au concours de l’école militaire jusqu’à ce que sa petite amie Sonia le quitte. Il s’incline alors et rejoint la guerre en Tchétchénie.
Bien entendu la guerre est terrible et Malich prendra part, à son corps défendant, à un crime affreux commis par des soldats haineux et alcoolisés contre une jeune tchétchène Nura douce et idéaliste.
Malich, qui y a gagné le pseudonyme de Général, on ne sait trop pourquoi, entreprend d’abord d’obtenir que justice soit faite mais Sonia, revenue, et qui vient d’accoucher de la fille de Malich, Ada, le convainc d’abandonner.
« Ce jour-là, il décida de rompre tous les liens avec certains chapitres de son passé, d’effacer tout ce qui avait été sacré pour lui. Et il décida d’aller plus loin que les autres. »
C’est à dire prendre part au dépeçage de la société russe et de se bâtir une immense fortune par les moyens criminels les plus indignes tels que corruption, chantage, trafics en tous genres.
Mais voilà que le tout puissant général devenu richissime installé à Berlin, voit un jour une affiche représentant une jeune actrice de théâtre qui ressemble trait pour trait à Nura. C’est Sesili dite Chat.
Il décide de se servir de cette ressemblance pour forcer ses complices lors du crime à entrer dans un traquenard qu’il va ourdir pour qu’enfin vienne le châtiment.
IL va utiliser pour cela un « écrivaillon » qui a entrepris d’écrire sa biographie comme celle plusieurs oligarques, et qui est chargé d’amener Chat à accepter le rôle qu’on lui attribue dans l’affaire. C’est la Corneille.
Voilà donc en place Le Chat, le Général et la Corneille.


Tout cela est bâti comme une série. Les personnages sont décrits à coup de flash-back. On apprendra les origines géorgiennes de Chat ; la vie et la mort d’Ada, la fille du General qu’il avait élevée de crème et de miel entre une demeure luxueuse à Berlin et un loft ravissant à Venise.
On croisera Evguenia seconde femme du General après le départ de Sonia.
« Evguenia était à la tête d’une prestigieuse maison de vente aux enchères spécialisée en bijoux anciens et meubles de designers hors de prix. »


Les personnages comme les situations sont toujours stéréotypés, comme sortis de la presse magazine. On évolue entre Berlin, Tbilissi et même Marrakech. Pourquoi Marrakech totalement inutile à l’intrigue mais une bonne série de type James Bond se doit d’avoir un épisode dans une luxueuse villa à Marrakech avec une poursuite sur la place Jemaa El Fna.


On finit par se lasser de cette abondance de bifurcations. On n’apprendra rien que de très connu sur la fin de l’Union soviétique et la fortune crapuleuse des oligarques, sur les guerres et les massacres de Tchétchénie et des peuples de l’extrême orient russe.
Décevant !

MarcM
6
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le 29 déc. 2021

Critique lue 76 fois

MarcM

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