le 2 févr. 2017
En pire du milieu
Henning Mankell a terminé d'écrire Le chinois en janvier 2008. Dans les premières pages, il décrit un massacre épouvantable, 19 personnes d'un petit village suédois exécutées à l'arme blanche. Le...
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Henning Mankell a terminé d'écrire Le chinois en janvier 2008. Dans les premières pages, il décrit un massacre épouvantable, 19 personnes d'un petit village suédois exécutées à l'arme blanche. Le genre de crime inimaginable dans la paisible Scandinavie ? Le romancier n'est pas visionnaire, mais comment ne pas penser à ce qui s'est passé en Norvège en juillet dernier, même si les circonstances ne sont pas comparables. Après un démarrage aussi sanglant, nonobstant l'absence du commissaire Wallander, le lecteur s'attend à une enquête traditionnelle, mais ce n'est pas vraiment à ce qui va suivre. Très vite, Mankell va nous faire voyager. Dans le temps et dans l'espace. Aux Etats-Unis, vers les années 1860, à l'époque de la construction des voies de chemin de fer transocéaniques, en Chine, à la même période, puis à l'époque moderne, et enfin en Afrique australe, notamment au Mozambique. Le chinois est-il un thriller ? En partie seulement, et c'est loin d'être le principal intérêt du livre. C'est quand le roman se transforme en réflexion géopolitique qu'il devient réellement passionnant. Avec une vision de la Chine plutôt terrifiante, tant sur le plan intérieur (Orwell n'est pas loin) qu'extérieur, avec la volonté hégémonique d'un pays qui vise à coloniser l'Afrique, sur des bases économiques, s'entend, ce qui lui permet de régler un certain nombre de problèmes explosifs tels que la paupérisation des paysans chinois et les révoltes qui en résultent. Ce n'est pas non plus en visionnaire que Mankell écrit, cette politique est déjà en marche, mais il la raconte avec une précision glaciale et imagine une stratégie d'expansion tout ce qu'il y a de plus crédible, avec les luttes d'influence concomitantes dans les plus hautes sphères de Beijing. Et l'aspect policier dans tout cela ? Il est bien là, s'effaçant parfois, pour réapparaître au gré d'une intrigue un brin tarabiscotée, qui permet de tout relier : 1860 à 2008, de la Suède à la Chine. Une des grandes qualités du livre, et ce n'est pas une surprise de la part de l'auteur, c'est la finesse psychologique de ses personnages. Ils sont assez nombreux à occuper la scène, une bonne dizaine, le caractère central étant une juge suédoise, Birgitta Roslin, qui, sans être chargée de l'enquête, se retrouve mêlée à l'intrigue et même plus étroitement qu'elle ne l'aurait souhaité. Birgitta a quelques traits communs avec ce bon vieux Wallander : des problèmes de santé, la peur de vieillir, une honnêteté qui confine parfois à la naïveté. Elle n'est pas juge par hasard, Mankell en profite pour enfoncer le clou sur un thème qu'il a déjà souvent abordé : la déliquescence du modèle suédois confronté à la mondialisation et à une violence de plus en plus prégnante (où l'on revient à la tuerie évoquée plus haut). De bien des façons, Le chinois est un ouvrage engagé, qui peut faire grincer des dents (le portrait de Mugabe, le leader du Zimbabwe, dictateur patenté, est étonnamment bienveillant), qui certes use parfois de raccourcis rapides dans son intrigue de polar, mais qui est prenant de bout en bout, en dépit d'un style sans éclat particulier, et qu'on ne lâcherait pas avant la fin pour un empire. Fût-il du Milieu !
Créée
le 2 févr. 2017
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le 2 févr. 2017
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