Que ça va être dur d'écrire cette critique... Tout comme ce fut dur de déterminer la note que je lui donnerai...

Au niveau du style, pour moi on est proche d'Henry Miller et qui me suit un peu sait que ça ne peut pas être pour me déplaire. Jong a une plume acérée, mordante, drôle, cynique mais pleine d'espoir, et plus particulièrement de l'espérance que lui donne l'art et l'envie d'écrire. Son double, Isadora Zelda Wing White, en est à son deuxième mariage, avec un psychiatre, et s'envole pour un congrès de psychanalystes en Autriche. Là Isadora est confrontée à on envie de liberté, d'hommes, de sexe, et son sens du devoir et de la culpabilité constante.

C'est un livre féministe, semi-biographique, d'une femme qui essaie de comprendre ce que c'est qu'une femme libre, comment la liberté peut se traduire dans une essence féminine, une femme qui parle de désir, de "ce con qui (la) brule", de ses phobies, de l'Europe...Parfois acerbe, parfois garce, parfois profondément angoissée, ce qui m'a dérangé est la manière dont Jong parle des hommes.

Jong dit plus ou moins mots pour mots qu' "une bite est une bite." Elle dit elle même qu'elle a longtemps considéré les hommes comme des objets sexuels, elle les méprise quelque part, puisqu'aucun ne semble réellement trouvé grâce à ses yeux, qu'elle cherche tout de suite à savoir si c'est le père, le grand-père, le phallus ou les trois qu'elle cherche en eux, qu'elle se sent dépendre d'eux sans jamais se sentir heureuse. En traquant ses problèmes sur l'épiderme masculin, elle les accentue. Bien sûr qu'une femme peut être heureuse avec un homme, bien sûr qu'un homme peut réellement se soucier d'une femme, et lui donner assez de plaisir pour qu'elle n'ait pas constamment envie d'aller voir ailleurs. Bien évidemment, il existe des couples malheureux, et à la fin de la lecture je me dis que Jong a peut-être aidé à donner naissance à la femme moderne, réellement libérée, réellement indépendante, et potentiellement épanouie.

Et puis, trouvant parfois son discours à la limite du réactionnaire, à la fin elle parle de ce malaise qu'elle a fini par identifier, celui qui fait qu'elle ne supporte pas qu'on la drague, qu'elle a l'impression d'être une proie, qu'elle en veut à ses chasseurs, qu'elle n'arrive pas à envisager les relations hommes/femmes d'égaux à égales, sans cesse jouant au chat et à la souris pour échapper aux avances des hommes et disposer de son corps comme elle le veut et quand elle le veut. Et là, si je n'ai pas sa vie, ni son avis, je fonds dans la compréhension, et les remerciements d'avoir exprimé ce qui est dur à dire.
Un grand merci également à l'homme qui m'a fait comprendre que tous ne sont pas chasseurs, et que mon indépendance n'était pas impossible à conjuguer avec l'Amour.
EIA
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le 26 déc. 2013

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EIA

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