Nul ne peut échapper à l'angoisse, et sont à plaindre ceux qui en apparence, s'en émancipent (a-spirituels et païens) car ils en sont davantage la victime. Kierkegaard tisse ici la toile dans laquelle le genre humain s'est lui même et malgré lui piégé par sa possibilité de pécher. Je ne vais point m'attarder à "résumer" une philosophie qui ne peut l'être sans être dénaturée. Seulement il vous faut savoir que l'obsession du péché ne peut être sans conséquence, qu'elle vous mènera au suicide si vous n'y voyez pas la dimension dialectique de la chose, si vous êtes faible d'esprit, ou si vous succombez au désespoir car là réside raison à votre mal.


L'angoisse est le vertige de la liberté, de l'infinitude du possible, et la finitude de notre condition qui est le péché dans son possible. Après moult lecture je n'arrive à y voir l'échappatoire que sous entend Kierkegaard lui même, et je pourrais penser que le poète n'a su non plus se débarrasser de cette angoisse par la foi qu'il présente comme la rédemption, comme le salut du moi, la plénitude. La foi étant en proie au doute. Si j'ai foi c'est bien par une volonté de croire, non pas par une certitude de l'existence de l'objet de notre croyance, et le doute est ici un péché d'où le vertige est source d'angoisse. Après le concept d'angoisse, il vous sera vain de voir quelconque espoir de vous en sortir, et si par surprise, vous entrevoyez la possibilité de fuir ou de surpasser ce mal, vous ne paraîtrez que comique comme l'homme espérant échapper un moustique qui lui colle depuis déjà un temps à la peau. Mais comme il est dit à plusieurs reprise, l'angoisse est dialectique, et inevitable, alors puissions nous tirer un savoir sur l'existence et peut être nous surpasser, trouver un bien dans ce mal...


Mais je vous le conseille vivement ce livre, gorgé de paradoxes existentiels, d'énigmes dont les indices se trouveront dans la reflexion qui accompagnera votre lecture. Malgré la description psychologique d'un tel mal, ce livre m'a été exaltant comme peu d'autres.
Il m'est impossible de dire davantage sans finir par écrire un commentaire détaillé sur le sujet du péché et de son enfant, l'angoisse alors je vous laisse entre les mains du poète philosophe.


Bonne lecture.

GaspardIzmailov
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le 11 août 2017

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