Jusqu'au bout de l'absurde

Bon... Ce livre m'a tant déçue qu'il mérite ma première critique sur senscritique.

Je trouve ce livre dans une boîte à livre. Je suis en route et j'ai du temps à occuper, ce livre tombe bien. Je ne connais absolument pas l'auteur, je pars donc sans attente...

Très vite, je comprends que ce livre sera une bonne distraction, sans plus. De la bonne distraction, je passe au sentiment de peut-être quand même perdre mon temps (et quelques neurones) devant un nanar du genre. Puis, on passe à l'absurdité (non volontaire) la plus totale... (au point qu'à un certain moment, j'ai cru que l'auteur nous faisait le coup du rêve pris pour la réalité...)

On dirait que l'auteur lui-même ne croit pas en ce qu'il écrit, les scènes d'actions dans la dernière partie du livre sont expédiées. J'ai envie d'en finir et l'auteur semble avoir eu la même pensée en écrivant.

Voilà pour la forme.

Et le fond.

Premier point: non, avoir une héroïne ex-obèse ne fait pas de l'auteur un type OK sur le sujet... Parce tant qu'on véhicule la vieille et horrible idée que l'obésité n'est qu'une question de manque de volonté, on ne va pas avancer. Et c'est pourtant ce qui est écrit noir sur blanc. C'est bel et bien à coup de volonté, de pilates et de gain de confiance en elle que Grace (hahaha ça se prononce "Graisse" en anglais! (cette blague, je me suis demandée si l'auteur l'a vraiment faite, et si oui, consciemment ou non)) perd ses kilos en trop et devient la plus bonasse des inspectrices.

Deuxième point: non, avoir une héroïne femme pour avoir juste une héroïne femme ne fait pas de l'auteur un type OK sur le sujet. On dirait que l'auteur s'est rincé l’œil sur son personnage, que Grace ne fait qu'accomplir ce qu'on attend d'une femme qui adopterait un comportement fort et courageux d'un point de vue viriliste (parce qu'elle est inspectrice quand même!), mais que ça n'a aucun sens dans son personnage. "Heureusement" qu'elle fait preuve de sensibilité et d'expression de ses émotions histoire de se souvenir que c'est un être doux et concilient et donc que c'est une femme (cette phrase est ironique, je tiens à le préciser).

Troisième point: il paraît (perso je n'écris pas donc je ne m'avancerait pas trop sur le sujet) que lorsqu'on écrit un bouquin, quel qu'il soit, on a une phase de préparation où on se renseigne sur ce qu'on va raconter, où on se documente, où on soigne le contenu du dit bouquin pour ne pas passer à côté d'un détail qui mettrait en péril notre intrigue (surtout dans le cadre d'un polar) ou carrément être hors sujet. Là, je ne suis pas sûre que l'auteur ait jugé cette phase de préparation nécessaire... un exemple qui ne spoilera rien: le discours sur la dopamine. C'est "marrant", ce sont les mêmes théories (fausses d'un point de vue scientifique) que les influenceurs-coaching-perso-devient-jeune-entrepreneur de YouTube répètent en boucle. Alors pour un passage qui moralise sur le temps passé devant les écrans au lieu de s'instruire et de créer, c'est assez ironique! Et c'est dommage parce qu'un discours intelligent sur la question est possible et que l'intention est bonne, car, oui, on est totalement dépassés par ce qui se passe entre nos mains sur nos téléphones, oui, c'est intéressant de comprendre pourquoi et de proposer de prendre un peu de recul face à cette situation. Mais non non NOOOOON! on n'est pas accro à la dopamine en soi!!! la dopamine est un neurotransmetteur indispensable au bon fonctionnement cérébral (si vous en doutez, regardez ce qui se passe chez les personnes atteintes du syndrome de Parkinson)! et oui je m'énerve mais écrire de la merde pareil dans un bouquin qui se veut "intelligent" sur la question c'est prendre les gens pour des cons (et j'aime pas tellement être prise pour une conne...) et n'avoir aucun égard pour ses lecteurs et lectrices.

Un petit quatrième point: la construction psychologique des personnages secondaires (je ne vais même pas prendre la peine de parler des principaux)... j'avais l'impression de progresser dans un jeu vidéo sans grande ambition scénaristique: finis ta mini-quête et le personnage va changer brusquement de comportement parce que tu as apporter l'objet qu'il convoite ou prononcer la phrase (qui était de toute manière dans le dialogue) qu'il attendait. Ici, ça se traduit par des personnages qui ont des comportements totalement absurdes, des réactions disproportionnées et des compétences acquises en quelques secondes d'on ne sait où.

Cinquième point: monsieur Beugle, lisez simplement la page Wikipédia (oui parfois sur internet on trouve des choses bien) sur la cosmogonie, s'il-vous-plaît (même si le faire avant de publier aurait été une bonne chose). Car non, personne ne prétend savoir ce qu'il s'est passé au commencement de l'univers.

L'auteur semble pondre (pour ne pas dire chier) régulièrement des livres sans trop prendre la peine de se renseigner sur les sujets abordés: son opinion et son savoir amateur suffisent à ses yeux (et à ceux de ses éditeurs). C'est mauvais, trop mauvais même pour être une distraction légère qui ne prend pas trop la tête et qu'on lit en s'endormant lors d'un voyage un peu long.

On n'arrête pas de lire dans ce roman que si Grace est si intelligente et sait tant de choses, c'est qu'elle lit beaucoup. Petit conseil: ça n'est sûrement pas avec ce genre de livre que cela vous arrivera!

Voilà.

Bonne lecture!