Six courts textes mais tout est dit ! La pieuvre islamiste introduit ses tentacules dans toutes les fentes d'un islam populaire qui s'y prête. Leïla Slimani, lumineuse, entourée d'un halo d'intelligence et de simplicité, avec pour seuls étendards la liberté et la littérature, vient obstruer les fentes de son bouclier critique.
Magnifiquement écrit, limpide et précis, le recueil est une consolation au post-chrétien qui en a abjuré le culte mais pas les commandements. Éloge fragmentaire de la raison occidentale, sa haine des terroristes n'a d'égal que son goût pour l'imaginaire, raconter en quelques paragraphes l'essentiel des tourments et la pleine substance de la menace.
De la délicatesse, il y en a dans les mots, dans le style mais certainement pas dans les idées ou les convictions. Slimani attaque la bête façon torpille, n'élude ni ne se cache, assume le frontal, courageuse et déterminée aux yeux du camp qu'elle s'est choisi, duquel plus d'un pourrait affirmer : cette Leïla si elle n'existait pas il faudrait l'inventer.
Guerrière à l'avant-poste, la plume en guise d'épée et la littérature comme ogive nucléaire, elle vient découper le fanatique avant d'en exploser ses visions. J'en ai des émiettements jusque dans ma barbe.
Le grand conflit de civilisation ne fait que débuter, avec d'un coté les adeptes de la pluralité des livres et de l'autre les cultistes d'un livre unique. Dans cette guerre à mort, Leïla Slimani a choisi les siens ; gageons que cet accueil reste inconditionnel et que dans l'emballement des ripostes il n'y ait pas de dommage collatéraux injustes.
Pour conclure, Le diable est dans les détails comme toute l’œuvre de Leïla Slimani est un plaidoyer
contre l'essentialisation aveugle qui pourrait parfois nous titiller dans notre envie d'en découdre. Leïla Slimani, Kamel Daoud, Bouallem Sansal, quelques écrivains merveilleux qui malheureusement ne peuvent nous indiquer s'ils sont des individualités isolées ou les représentants de masses silencieuses qui n'en pensent pas moins.
Samuel d'Halescourt