Pierre Bordage est un auteur de Science-fiction français reconnu, à tel point que j’ensilais nombre de ses romans depuis quelques années sans avoir pris le temps de les lire. Un heureux concours de circonstances (une pénurie de lecture sur mon lieu de villégiature estival) m’a conduit à acquérir Le dixième vaisseau, dernier roman en date de l’écrivain. Autant dire que le voyage au sein de ce dixième vaisseau m’a littéralement transporté. Je l’ai dévoré en trois jours.
Dès l’entame du roman, le lecteur se voit immergé dans les tourments judiciaires du capitaine Livio Squirell. L’intrigue est lancée tambour battant et nous voici partis tout autant pour un voyage intergalactique que littéraire. Au-delà du récit proprement dit qui s’avère captivant au sein d’un huis-clos oppressant, c’est bien de la nature humaine dont il est question dans cette histoire. L’humanité, dans sa quête de domination sans freins, a conquis la majeure partie de la Voie Lactée et écrasé les diverses espèces qui vivent désormais sous son joug, selon ses lois.
Une forme de mise en abîme de ce qu’ont commis les européens entre le XVème et le XIXème sur la majeure partie du globe, imposant leurs vues sur l’ensemble, ou peu s’en faut, des cultures terrestres.
Dans leur voracité sans bornes, les humains en veulent encore davantage, ne faisant que confirmer leur nature de prédateurs ultimes. L’auteur parvient néanmoins, dans un style fluide et efficace, à ne pas sombrer dans le manichéisme et dévoile peu à peu des facettes d’une philosophie basée sur l’empathie, la quête d’autres voies. Au travers de personnages éminemment attachants (ou détestables, c’est selon), il déroule son histoire, constituée de moments de tension savamment amenés mais aussi d’échanges entre créatures vivantes qui se révèlent tout à fait passionnants.
Ma découverte de ce prolifique auteur fût donc un régal. Il a raté selon moi de peu la perfection avec une fin un peu trop convenue mais je ne vais pas bouder le plaisir ressenti tout au long de ces 400 et quelques pages. Je savoure d’autant plus la perspective d’avoir déjà dans mes bibliothèques une bonne dizaine de ses autres ouvrages à découvrir.