A la fin le héros meurt. Au début aussi en fait.

Cette critique porte sur Le Don, premier livre de la trilogie de fantasy de Fiona McIntosh intitulée le Dernier Souffle.


En bref : deux royaumes se font la guerre depuis des siècles pour des raisons oubliées depuis longtemps. Mourant, le général de Morgavia fait promettre à son roi et meilleur ami de traiter son fils Wyl comme un proche et de le choyer le temps qu'il puisse prendre sa succession à la tête des armées. Quelques années passent et le jeune Wyl à tout du bon militaire mal dégrossi mais loyal. Quand on lui présente le prince Celimus, il s'aperçoit que ce dernier est une ordure de la pire espèce, ne pensant qu'a ses frasques et à prendre le pouvoir sous des dehors charmants. Sous la menace d'une guerre avec un troisième royaume de barbares nordiques, Celimus envoie Wyl pour une mission improbable : réclamer en son nom la main de la princesse de ses ennemis ancestraux pour faire face ensemble à leur adversaire commun. Une mission dont Celimus fait tout pour qu'il ne revienne pas. Ce qu'il ignore c'est que Wyl à reçu d'une sorcière le Dernier Souffle. Ayant fait preuve de compassion envers elle peu avant qu'elle soit brûlée, elle lui a confié un don... et une malédiction dans l'espoir de se venger.




Je ne peux pas faire de critique sur ce livre sans spoiler un élément qui survient environ au premier tiers de ce tome et qui influe sur toute l'intrigue : la nature du Dernier Souffle. En bref, lors de sa mort, Wyl acquiert la faculté de prendre le corps de son meurtrier (l'âme de ce dernier est envoyée dans les limbes). Outre le corps il y gagne une bonne partie des souvenirs et des talents particuliers de la personne. Le processus continuera jusqu'à ce que feu la sorcière ait eu sa vengeance sur Celimus. Avec cette dernière info vous croyez avoir deviné la fin de la trilogie, et bien pour le coup vous vous trompez. Ce que l'on voit arriver gros comme une maison ne se produit pas, pour un sacré final plein de surprises.
Le principe du Dernier Souffle est magistralement exploité, sur une idée somme toute classique, l'auteure à fait de gros efforts pour bâtir toute son intrigue. On dévore la saga en assistant aux aventures de Wyl dans les corps de ses meurtriers successifs. Les interactions entre les personnages sont chaotiques puisque Wyl ne va évidemment pas se comporter comme les gens l'attendent. Et c'est particulièrement le bazar quand ses proches essaient de le venger ou que le dernier tueur en date était une femme...


Si c'est un point fort considérable, il n'en reste pas moins que c'est quasiment le seul bon côté de l'œuvre. Sans être particulièrement mauvais, le style est assez plat et a souffert un peu plus à la traduction. Et ce, malgré des scènes d'une violence propre à tourmenter même les personnages les plus aguerris.


D'ailleurs parlons-en des personnages, car ce sont bien eux les pires dans cette affaire. Les méchants de l'histoire (Celimus au premier plan) sont de parfait sadiques, violents et cruels pour le seul plaisir de la chose. Ils ne sont pas particulièrement stupide, ils sont juste unidirectionnels dans leur façon d'agir : faire le mal pour leur satisfaction personnelle.
Les gentils ne sont pas mieux : débordant de qualités, de bonnes intentions et de stéréotypes. Du jeune héros propulsé dans des responsabilités trop importantes pour lui, en passant par le meilleur ami inutile à l'intrigue, la petite sœur pure et innocente à protéger et la princesse qui tombe amoureuse d'un inconnu, tout y est. Et sans oublier le gamin de 7 ans le plus insuportablement compétent qu'on puisse imaginer : il sait tout ce qui est nécessaire à l'intrigue, sauve régulièrement tout le monde et est d'une sagesse (naïve et innocente) supérieure à celle des trois nations du bouquin.


Je n'ai pas pu accrocher aux personnages à cause du manichéisme exacerbé et de leur platitude morale. La seule exception à cette règle c'est Wyl, mais parce qu'il gagne à chaque mort une nouvelle personnalité et les manies de son dernier assassin. C'est assez étrange quand on y pense : le décalage colossal qu'il existe entre les personnages et le style plutôt du domaine de la light fantasy (public très jeune) et la violence brute de certaines scènes. Pour rappel on a quand même droit à la torture, le viol et la crémation vivante d'une sorcière. Comme si l'auteure hésitait entre deux genres d'écritures fondamentalement différent et n'arrivait jamais à trancher.


En conclusion, le Dernier Souffle, et surtout ce premier tome souffre fortement de personnages peu intéressants et d'un style trop classique. L'idée de base en revanche est très bien menée et m'a tenu en haleine jusqu'au bout. Je croyais à tord avoir deviné la fin. A plusieurs reprises j'ai fait une pause dans ma lecture en me disant "et meeeerde, pauvre Wyl". Ce qui pour lui n'est pas de bol est pour nous autre lecteurs un intéressant ressort de l'intrigue ! C'est donc un livre assez particulier, avec ces défauts évidents, mais des qualités qui font qu'il mérite malgré tout une chance.

Cluric
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le 20 déc. 2016

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