Critique contenant des spoils non cachés
Un magnifique texte sur le basculement dans la folie, ou comment vivre avec l'Autre, le Fou, le Horla, comment l'accepter, pour au final admettre que nous ne faisons qu'un... chaque description est magique, d'une simplicité qui rend leur beauté d'autant plus frappante, là où le lecteur découvre qu'en filigrane d'une nouvelle sur la maladie mentale, Maupassant en profite pour livrer une timide réflexion sur la transcendance de la nature qui par définition échappe à nos sens, trop limités, description elle-même timide pour refléter l'incapacité grandissante du narrateur à cerner cette nature, ce monde duquel il se détache en sombrant dans la folie. J'ai adoré cette nouvelle, j'ai adoré le format, j'ai adoré le style, j'ai adoré la fin ; là où les deux étrangers ne font qu'un, là où l'espoir est mort, après que le narrateur ait consommé une dernière fois les nourritures terrestres de la Normandie (ou de la Bretagne pour les puristes) au Mont Saint Michel, la beauté de ce qui l'entoure, qu'il ne peut plus apprécier à cause de ce Horla, ce parasite qui bouffe tout, sa lucidité, son sommeil, sa vie. Une magnifique ode à tous les malades ; et des descriptions bouleversantes, qui rappellent qu'on peut tous & toutes, à un moment ou l'autre, avoir une santé mentale fragile. Chacun sa chimère ; chacun son Horla.