Suite de "Les fourmis" du même auteur et deuxième roman de la trilogie. On y apprend que la reine Chli-Pou-Ni, fille de Belo-Kiu-Kiuni et qui a fondé sa propre fourmilière, a voulu cacher à cette dernière l'existence des Doigts (= les humains) avec qui sa mère avait créé contact et avait appris que les deux sociétés avaient construits des choses sur les bases de leur intelligence.

Cependant, des fourmis rebelles ont débouché le trou de contact avec les Doigts qu'avait fait fermer Chli-Pou-Ni et ont repris le contact avec ceux-ci. Les rebelles se divisent en deux groupes, même si elles travaillent ensemble malgré leur point de vue différent :
- Les déistes, celles qui pensent que les Doigts sont des dieux.
- Les non-déistes qui ne le pensent pas, mais qui souhaitent tout de même créer du lien avec les Doigts.

En somme, les rebelles souhaitent coopérer avec les Doigts, alors que le reste de la fourmilière Bel-O-Kan veut les éliminer. Dans les deux cas, on se rend compte que les fourmis ne mesurent pas l'ampleur de ce que représentent les Doigts (elles pensent pouvoir éliminer tous les Doigts avec 80.000 soldates et les rebelles pensent pouvoir les ramener et voir si elles peuvent les garder un peu en captivité). D'un autre côté, les humain•e•s ne semblent pas non plus mesurer l'ampleur ni l'intelligence des fourmis. Iels ne les comprennent pas.

En parallèle, Bernard Werber cite des passages plus philosophiques issus de l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu et alterne le récit sur les fourmis avec une enquête policière suite à la mort de trois frères en huit clos et sans trace d'assassinat. Cette alternance se fait sur le même modèle que dans le premier tome de la trilogie : on sait qu'à un moment où un autre, les histoires parallèles vont finir par se rejoindre.

Nous retrouvons également les personnes qui étaient descendues à la cave dans le premier tome, qui sont sous la fourmilière, et cherchent à survivre, à s'adapter à leur nouveau lieu de vie dont ils ne peuvent pas sortir.

Au fur et à mesure que l'enquête avance, on assiste à d'autres morts du même type : pas de traces de violence, huit clos, petit trou carré dans les vêtements des victimes, visage effrayé et hémorragies internes multiples. Les victimes ont cependant en commun de travailler en tant que chimistes. Les coupables sont démasqués au trois quart du livre, mais cela ne résout pas entièrement toutes les intrigues et l'on reste quand même plongé dans le livre jusqu'à la fin, notamment pour suivre les aventures de 103è qui va finir par rencontrer les Doigts.

Au-delà de l'histoire racontée, de ce roman de fiction qui reste très prenant, ce livre est pour moi une sorte d'essai philosophique abordant certains thèmes comme le rapport au travail et l'aliénation de celui-ci, la question de la fin de vie choisie, et celle d'avoir des enfants ou non, le sujet de la peur, de notre condition d'humain•e•s et de notre rapport au vivant et à la nature, le thème de la religion et des croyances. Un de mes passages préférés est le moment où les fourmis prennent une conscience d'elles-mêmes en tant qu'individus et non plus seulement en tant qu'un tout. Elles ont une individualité, aimerait qu'on les appellent par un prénom et non plus par un numéro, et ont leurs propres pensées.

Nous apprenons également beaucoup d'un point de vue scientifique, comme pour le premier tome, sur la vie des fourmis mais aussi sur d'autres espèces animales. Des petites anecdotes dont régulièrement racontées. Le seul point délicat pour ma part c'est, à certains endroits, de réussir à cerner la limite entre la science expliquée et la fiction scientifique inventée par Bernard Werber. Pour exemple : est-ce que les fourmis peuvent réellement "dompter" des scarabées rhinocéros ?

J'ai aussi beaucoup aimé, comme dans le premier tome, le fait de pouvoir "voir" le monde comme doit le percevoir une fourmi. Avec des choses géantes qui font parties de notre quotidien (les vêtements, les miroirs, les portes vitrées, les êtres humains...) mais aussi des choses qui nous semblent minuscules, comme les insectes.

Malgré un roman plus que sympathique, je retiens quelques propos sexistes (visiblement plutôt propres aux romans écrits par des hommes) :
- Les femmes sont sexualisées, le commissaire Mélies essaie de ne pas être "troublé" par Laëtitia Wells.
- Il y a des remarques faites sur la tenue de Laetitia quand on parle d'elle alors que jamais on ne parle de la tenue des hommes.
- Laetitia Well a toujours des tenues faites pour plaire aux hommes, et non pas des tenues pratiques notamment pour l'exercice de ses fonctions.
- Des qualificatifs comme "belle" "longues jambes" souvent utilisés, ce qui fait que la journaliste est toujours ramenée à son physique (qui semble être tout typique d'un physique féminin fait pour plaire aux hommes ; heureusement, Laetitia a un bon caractère).

LeslieBonnaudet
8
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le 10 déc. 2021

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