Mon entourage m'a houspillée pour que je lise ce livre dès sa parution. C'est ma maman qui a commencé. L'ouvrage qui était en sa possession était paré de pages roses (oui, le papier de la belle édition est proprement rose !) et j'ai pris peur en apprenant qu'il mettait en scène une bibliothécaire : sans le savoir, je me suis, comme Désirée et Benny à leurs débuts, armée de puissants préjugés en considérant dès la première seconde qu'un roman rose ne pouvait que discréditer le métier de bibliothécaire (et pourtant, c'était avant même d'avoir lu 'La cote 400', de Sophie Divry).

La sortie en poche du 'Mec de la tombe d'à côté' ne m'a pas davantage inspiré d'envie d'achat. Oui, je l'avoue honteusement : je suis à ce point sensible aux couvertures. C'est bête, mais ce cœur rouge diablement cucul a fait figure de second prétexte pour me tenir à distance de ce roman... Jusqu'à ce que deux autres personnes de mon entourage me tombent dessus et me répètent à nouveau que je ne savais pas ce que j'allais manquer...

Je l'ai donc emprunté du bout des doigts, comme on saisit un mouchoir usagé qui n'est pas le sien.

Quand j'ai entrepris d'ouvrir ce bouquin, j'ai vu mes poils se hérisser de détresse en lisant sur la couverture que Katarina Mazetti était Suédoise. Certaine d'être confrontée à un humour de genre pénible tel que celui d'Arto Paasilinna (écrivain scandinave) dont j'avais détesté 'Petits suicides entre amis', j'ai commencé la lecture de ce roman avec la motivation d'un cochon qu'on dirige à l'abattoir...

Et puis, forcément, je me suis rendue compte combien j'avais été stupide tant ce roman si redouté regorgeait de qualités !

Désirée et Benny y sont tous deux narrateurs de leur histoire. Leurs voix s'alternent de chapitre en chapitre. Cette démarche permet bien évidemment de connaître le point de vue de chacun, mais aussi de s'attacher, en tant que lecteur, aux personnages : des êtres sincères et authentiques qui ne trichent ni avec eux-mêmes ni avec les autres.

Jusqu'où des êtres que tout oppose sont-ils capables d'aller pour rejoindre l'autre? Peuvent-ils s'aimer et se comprendre durablement? Est-il possible pour Désirée – la citadine – et Benny – le paysan – d'envisager une vie commune, donc de renoncer à la vie qu'ils se sont construite, sans faire preuve d'abnégation? Telles sont les questions qu'aborde ce roman.

Sans (trop) verser dans le pur cliché, Katarina Mazetti traite ici d'un problème grave avec une légèreté et un humour à la fois cru, subtil et mordant. De très nombreux passages de ce livre me restent en mémoire, et ce, pour mon plus grand plaisir !

En définitive, 'Le mec de la tombe d'à côté' est un roman malin, jubilatoire, tendre, juste et addictif !

Un bon bol d'air frais !

Je remercie les gens sans qui je n'aurais jamais ouvert ce livre et le recommande à mon tour à ceux qui ne l'auraient encore découvert.
Reka
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le 9 juin 2011

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