Vienne vit des temps de paix. La guerre, dans l’esprit de ses habitants, n’est plus qu’une idée abstraite. Alors toute la puissance des artistes s’exprime dans une heureuse frénésie. Tous les arts se développent et fleurissent prodigieusement. Vienne est une capitale culturelle.
Stefan Zweig grandit en ces heures privilégiées et collectionne les autographes des auteurs et des musiciens qui l'entourent. Il les admire et se sent lui même porté par une volonté de créer. L’auteur partage avec nous ses désirs d’adolescent, raconte l'émulation artistique qui régnait dans la ville et évoque ses premiers essais littéraires (en éludant modestement le succès et la reconnaissance qu'il a pu en retirer à l'époque). On savoure ainsi le récit de sa jeunesse, on assiste de loin à son ascension et on découvre ses préoccupations innocentes et ses rêves purs.
Et ensuite vient la guerre. LES guerres. Et ce récit innocent et charmant devient un témoignage historique précieux. Stefan Zweig nous offre sur ces événements atroces un regard libre, courageux, celui des intellectuels pacifistes qui ont inexorablement lutté contre la propagation de la violence entre les hommes. Quelles étaient leurs armes ? Un article de presse, une pièce de théâtre, un opéra, un roman, des discours...Armes qui ne s'émoussent jamais mais qui elles aussi se sont révélées impuissantes à enrayer la destruction.
Difficile de rester indifférent devant le récit de cet humaniste qui s'enfonce lentement dans une inexprimable tristesse qui le conduira finalement au suicide.