Wouaw ! Le gars, il a fait des études en Art du Ressenti et des Sensations, ou quoi ?

Ca commence de manière un peu guindée, avec ces histoires de guildes, on se sent vite claustrophobe dans l'univers de la ville, qui ne dure pourtant que quelques pages au début. Puis, la sortie, et là, c'est le déferlement de sensations et de descriptions. On s'y croirait : la chaleur nous accable, la poussière nous brûle la gorge, le monde change sous nos yeux, l'eau manque... On est en plein coeur des choses, on les ressent comme si on y était. Avec en plus, ce monde impitoyable, qui ne laisse aucun répit à notre ville, obligée de continuer à avancer encore et encore pour une raison qu'on ignore... Cette histoire de vision du monde est tout simplement excellente, amenée subtilement au fil des pages, nous faisant nous interroger nous-mêmes sur ce que nous lisons et la véracité des dires de Helward (tout de même, quel nom ridicule !).

Il est particulièrement intéressant d'observer l'évolution du héros, pris dans un engrenage trop grand pour lui. Avec ses yeux neufs et ses mille petits kilomètres, il veut changer le système, trouve que les guildes sont dépassées, partage quelque chose avec son épouse. Et puis, au fil de ses voyages (pour le moins remuants, nous sommes d'accord), de son évolution, il se retrouve lui-même roue de cet engrenage, à prôner son fonctionnement et sa continuation. Il a été intégré au système sans même s'en rendre compte, et le lui retirer lui ôterait le sens de sa vie.
Un constat pas très agréable à faire à propos de notre capacité à nous révolter, à garder en nous cette rébellion grondante...

Je ne lui mets que 8 parce que les chapitres sont un peu plus effilochés vers la fin, on perd de la densité du début. Et le dernier est un peu faible (on comprend bien ce qu'il amène, mais il aurait pu l'amener un peu mieux). J'aurais aimé des descriptions du "sud" vers la fin, histoire de savourer encore un peu son style très évocateur...
Babalou
8
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le 23 févr. 2011

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Babalou

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