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Nouvelle claque pour le fan (grandissant) que je suis de Yoko Ogawa !

Un univers différent, un même style époustouflant.

Le musée du silence est un huis-clos sublime à l’histoire originale et poétique. Tout se déroule dans ce manoir et ses environs, où le narrateur, un muséographe, arrive et découvre en même temps que le lecteur cet univers si spécial et la mission (tout aussi étrange) qu’on lui a donné.

Le huis-clos est amplifié par le fait que toute tentative de contact avec l’extérieur n’a aucun résultat. Le narrateur écrit quelques lettres à son frère ou veut lui rendre visite, le lecteur n’en aura aucun écho retour. Lorsqu’on s’aventure hors de ce manoir, jusqu’au monastère par exemple, on tombe sur des moines ayant fait vœu de silence, et pour ce qui se passe au village on se heurte à la violence du monde extérieur (Meurtres, etc.. Je ne veux pas trop en dévoiler.) tout en restant dans les pas des habitants du manoir.

Cet espace fermé et surtout cette mission si particulière de musée autour des objets des défunts crée une ambiance bien particulière (Certains pourraient dire morbide, mais le terme est bien trop péjoratif et restrictif). La mission va même plus loin puisqu’il faut aller collecter les objets des nouveaux défunts.

On retrouve un thème qui semble cher à Yoko Ogawa ; La mémoire, le devoir de mémoire, les souvenirs, l’oubli… Collecter l’objet d’un défunt pour lui éviter l’oubli total.

Un objet résumé d’une vie.

Une autre chose qu’on retrouve : Aucun personnage, aucun lieu n’a de nom. Et cela participe sûrement à cette ambiance intemporelle.

Une chose dans ce livre m’a, curieusement, fait penser à Un roi sans divertissement : Dans ce village plusieurs meurtres ont lieu (Des meurtres, un village perdu.. je n’irai pas plus loin dans la comparaison…C’était juste une impression durant la lecture.), qui fait sentir le manoir comme un endroit à part, un havre de paix entièrement tourné vers une mission. Ce côté… (Je ne vais pas dire « mortel » tout le roman a un rapport avec la mort…) Bref, cette partie prend plus d’ampleur plus tard dans le roman et tient en haleine jusqu’à… la fin du livre.

Les personnages (Compliqués, attachants, angoissants, hypnotisants…), ce musée et tout ce dont il est dépositaire, cet univers à part fait de mémoire, de mort, de meurtres, de poésie, d’intimité, et évidemment ce style, tout est réuni pour un superbe roman. Pour tout dire, ma gorge s’est serrée quand j’ai vu que j’étais sur la dernière page. J’adore avoir cette sensation et pourtant j’avais délibérément pris mon temps pour bien "déguster" (Oui, oui, ça peut paraître pédant, mais un livre de cet auteur se déguste ! Et ouais !)

Est-il besoin de préciser que je le recommande vraiment beaucoup ?

"Le vaste manoir, plongé dans le silence, était environné de ténèbres bien trop épaisses. Nous étions à l’écart e la foule, et nous nous serrions les uns contre les autres comme un groupe de poussières d’étoiles rejetées en bordure du ciel. Je ne pouvais imaginer ce qu’il y avait de l’autre côté des ténèbres, pour autant, cela ne me faisait pas peur. Parce que nous partagions la même passion pour les objets hérités des défunts et que, grâce à cela, nous avions établi des liens solides. Je savais que, dans la mesure où nous étions à la recherche de ces objets avec tendresse, aucun de nous, glissant sur le bord, ne serait avalé par les ténèbres."
MrAmeni
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le 20 mai 2013

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