Maintenant, au milieu de ce chenil, figurez-vous une horrible négresse avec de gros yeux de nacre, des cheveux courts, laineux et frisés comme une toison de brebis noire, et une vieille crinoline rouge, sans rien dessus... C'est ainsi que m'apparut pour la première fois ma voisine Coucou-Blanc, la Coucou-Blanc de mes rêves. Ô province romanesque, que ceci te serve de leçon !...






En le voyant, l’horrible négresse grimaça un sourire d’ogre en belle humeur et lui fit un signe : « Venez ! » de sa grosse main luisante et noire.






Négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse, négresse.



Vingt-huit fois.


En 1858, année de publication du Petit chose, la 6e édition (1835) du dictionnaire de l'Académie française alors en vigueur indique qu'il n'y aucune raison de s'offusquer de l'emploi du mot «négresse», celui-ci ne prenant sa connotation péjorative qu'avec la rédaction de la 9e édition (1992) de ce dictionnaire.


Cependant, la définition d'un mot est indissociable de sa contextualisation, fait inhérent à la construction du langage oral ou écrit ; contextualiser ici, c'est par exemple compter qu'Alphonse Daudet utilise vingt-huit fois «négresse» pour désigner Coucou-Blanc sans aucune fois écrire «blanc» pour désigner tout autre personnage, et c'est par exemple relever les descriptions toutes dépréciatives voire insultantes de Coucou-Blanc qualifiée par une liste d'adjectifs plus péjoratifs les uns que les autres.


Le racisme est intrinsèquement abject et socialement délictuel : il convient donc de s'assurer de l'exactitude d'une telle accusation avant de la porter. Malheureusement, alors que Le Petit chose serait déjà une preuve bien suffisante, il s'avère que d'autres lectures de l'auteur et quelques recherches internet confirment que le Petit chose n'est pas exception ; deux exemples :



  • Alphonse Daudet et le noir plus qu'arriéré, dans le Tartarin de Tarascon :


    Des nègres qui portaient les bagages, l’un fut pris d’atroces coliques pour avoir mangé le sparadrap de la pharmacie.










Sauvé, sauvé ! Paris était au pouvoir des nègres !





Telle qu'écrite ici, la critique est bien celle du Petit chose et non pas un pamphlet contre Alphonse Daudet : je dissocie l'œuvre de l'auteur. Néanmoins, lorsqu'il s'agit de l’œuvre, je ne tolère pas une once de racisme lors de mes lectures, autant que je ne supporte pas ni ne comprends l'acceptation tacite du plus grand nombre à la lecture du racisme frontal ou ordinaire de certains «grands auteurs».


Au racisme s'associe l'antisémitisme et là aussi, l'auteur Daudet sait se distinguer.

Hmros
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le 15 mai 2021

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