Quatrième et dernier tome du cycle Tschai, Les Pnumes marque la conclusion d’une saga foisonnante où Jack Vance alterne entre exploration, action et invention anthropologique. Ici, le ton revient davantage à celui du premier volume : moins de suspense haletant que dans Le Dirdir, mais davantage de voyage, de découvertes et d’échanges.
Les Pnumes, ultime espèce mystérieuse de Tschai, se dévoilent comme des êtres souterrains, calmes et analytiques. Ils se comportent tels des archivistes ou des conservateurs de musée, observant le monde extérieur sans chercher à intervenir, témoins d’une histoire millénaire où races et civilisations se succèdent et disparaissent. Leur conception du temps et de l’existence tranche radicalement avec les autres peuples rencontrés.
Une grande partie du roman se déroule dans ce monde souterrain, donnant à l’intrigue une atmosphère plus introspective. La rencontre entre Adam Reith et une jeune femme pnume (humaine intégrée dans leur société) devient l’occasion d’un échange de visions du monde : le héros en pédagogue, elle en élève curieuse. Cette relation, cependant, reste parfois un peu maladroitement écrite et manque de profondeur, ce qui affaiblit l’impact narratif.
À l’opposé, la découverte du peuple Tang apporte une touche satirique et grotesque. Escrocs professionnels, ils vivent d’arnaques permanentes : jeux truqués, vols à la tire, enlèvements, jusqu’à proposer des laxatifs pour mieux faire payer ensuite l’accès aux toilettes. Vance excelle ici dans l’humour grinçant et la caricature sociale.
La conclusion, en revanche, laisse un goût mitigé. Tout se résout dans un dernier chapitre expéditif, presque précipité, comme si l’auteur, pressé d’en finir, refermait la saga sans lui donner l’ampleur qu’elle méritait. Là où l’on pouvait attendre une synthèse grandiose de tout l’univers de Tschai, on trouve une fermeture rapide, efficace mais frustrante.
En définitive, Les Pnumes reste un tome important par sa dimension plus philosophique et contemplative. Il ne possède pas la tension dramatique du troisième, ni la fraîcheur de découverte du premier, mais il complète le cycle en offrant un dernier regard sur la planète et sur les multiples visages de l’humanité. Une conclusion imparfaite, mais qui confirme la richesse et la singularité du voyage imaginé par Jack Vance.