Des hommes dans le brouillard

« Le port des brumes » (1932), écrit à 29 ans par Georges SIMENON (1903-1989), est le 12e roman (sur 75 + 28 nouvelles) dont le commissaire Jules Maigret est le personnage principal. Etonnamment, le roman n’a pas fait l’objet d’adaptations cinématographiques mais seulement télévisées, l’une britannique (1961) et deux, françaises, de Claude Barma (1972) avec Jean Richard et de Charles Nemes (1995) avec Bruno Cremer, dans le rôle du commissaire. Le personnage principal du roman est d’abord le port d’Ouistreham (Calvados), constituant le port de commerce de Caen, préfecture à laquelle elle est reliée par le canal de Caen à la mer qui double le fleuve Orne, Ouistreham étant sur la rive gauche, au niveau de l’estuaire dans la Manche. L’histoire se déroule en automne, d’où la présence fréquente de brumes, de pluie et de vent. Cela déroute Maigret, le terrien (il a fait ses études à Nantes), confronté à un monde de marins taiseux. On y retrouve l’ambiance du « Chien jaune » (1931), roman qui lui aussi se déroule en automne et dans un port, celui de Concarneau et de « L’écluse n°1 » (1933) où il est question d’un entrepreneur tout puissant, d’un marinier, d’écluses sur la Seine et de paternité. L’histoire tourne autour de quelques personnages, Yves Joris, ancien capitaine de marine marchande, sa servante depuis 8 ans, Julie Legrand, 24 ans et son frère, Louis Legrand, ancien bagnard (8 ans) et marin sur la goélette Saint-Michel, le maire d’Ouistreham, Ernest Grandmaison, directeur d’une société de navigation, et Jean Martineau, français naturalisé norvégien. Comme souvent, c’est le passé des personnages qui refait surface et explique leurs comportements. Comme d’habitude, Maigret s’installe sur place, à l’hôtel L’Univers, pour s’imprégner de l’ambiance et pénétrer la psychologie des personnages. En 13 chapitres, l’enquête comprend plusieurs rebondissements et Maigret se fait même ligoter par des fuyards.