Le Pouvoir
6.7
Le Pouvoir

livre de Naomi Alderman (2016)

Passons en matriarcat, et on verra bien...

Ce roman de Naomi Alderman s'attaque à une question de taille, alors que le féminisme radical s'étend partout dans le monde (et c'est cool !) : que se passerait-il si les femmes dominaient les hommes ? Si l'inégalité ne concernaient pas les femmes mais bien les hommes ?


Pour se questionner sur la question, l'auteure crée un pouvoir pour les femmes, un fuseau attaché à leur clavicule, qui leur permet d'envoyer des décharges électriques. Au début, on suit plusieurs jeunes filles qui découvrent leur pouvoir, leur difficulté à le contrôler mais aussi l'émancipation qu'il lui permet. Car rapidement les femmes soumises et dominées reprennent le pouvoir (violemment) sur les hommes.
Mais ça ne s'arrête pas là, et c'est bien ça qui est intéressant.


On ne peut pas parler de ce livre sans évoquer la fin. Les femmes commencent donc à dominer, et là les premières exactions commencent. Des gangs de femmes se forment, prônant la soumission des hommes, jusqu'à un paroxysme lors d'une scène de viol et de barbarie perpétrés par des femmes.
La morale de l'histoire tient surtout à l'épilogue : dans un monde dominé par les femmes, les femmes sont guerrières, insensibles, et c'est logique puisqu'elles "ont des bébés à protéger". Les bébés garçons sont souvent tués puisque les hommes peuvent féconder plusieurs femmes, et donc on n'a pas besoin de tant d'hommes que ça.
Intéressant donc ce renversement qui montre bien que l'essentialisme n'a pas de sens : c'est l'environnement qui joue et la position de dominant ou dominé qui créent des manières d'êtres "féminines" ou "masculines".


Au-delà du sujet, le roman est bien rythmé, avec des points de vue interne variés. On s'attache facilement aux personnages de Roxy et d'Allie, mais aussi de Tunde, le seul homme qui a la parole directement dans ce livre. L'écriture n'est pas incroyable mais convient parfaitement à ce style basé sur le suspense. On notera quelques longueurs, mais dans l'ensemble le roman est très prenant.


Pour conclure, je recommande ce roman à toute personne féministe (ou non) qui s'interroge sur la domination masculine, mais aussi sur les combats à mener par les femmes. Cela fait écho à ce que je sais de l'écoféminisme, qui prône justement de valoriser les qualités dites féminines dans nos sociétés plutôt que de vouloir adopter celles jugées masculines.


Sur ce bonne réflexion, et bonne lecture !

MarianneBar
8
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Créée

le 21 janv. 2021

Critique lue 56 fois

MarianneBar

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