Un premier tome efficace

En 2012, Bragelonne attendait énormément de ce premier roman de la toute première trilogie (« L’empire Brisé ») de Mark Lawrence, un auteur américain vivant au Royaume-Uni avec sa famille. Je n’ai pas les chiffres sous les yeux pour dire si ce tome a eu le succès escompté ou non. Ce que je peux affirmer c’est qu’il comprend de nombreuses qualités et quelques défauts qui en font un ouvrage honnête mais certainement pas le grand chef d’oeuvre que Robin Hobb et l’éditeur nous promettent sur la couverture. Le Prince Écorché met en scène un personnage assez troublant de maturité du haut de ces 13 ans, faisant partie d’une compagnie de truands qui sont tout sauf des enfants de coeur, passant donc son temps à voyager, piller, voler, violer probablement, et brûler à peu près tout sur son passage. Evidemment, le personnage central Jorg Ancrath n’est pas qu’un truand, c’est aussi un prince dont la mère et le frère ont été sauvagement assassiné sous ses yeux et qui rêve d’une revanche pour laquelle il prendra son temps.

En terme de construction, l’auteur raconte à travers les yeux de Jorg son histoire à 9 ans et à 13 ans en opérant donc des sauts narratifs dans le temps qui sont plutôt bien dosés efficaces. J’ai aussi beaucoup apprécié le style d’écriture très fluide et impactant et je dois avouer que sur ce point là, la première de couverture n’est pas mensongère, on à dans les mains un « page-turner » qui se lit très rapidement et on ne sent pas le temps passer. Je m’attendais à un ouvrage de Dark fantasy violent mais là encore, certains critiques y sont peut être allés un peu fort puisque la violence est toute relative.

Venons en à ce que j’ai moins aimé. Tout d’abord, même si je dois reconnaître que le héros principal est fort charismatique, arrachant quelques rires jaunes, il semble avoir la gouaille d’un chef de bande et l’expérience d’un truand de 30 ans alors qu’il n’en a que 13. Et même s’il est facile de passer outre ce caractère peu cohérent avec l’âge du personnage, on se dit tout de même qu’il possède une finesse d’esprit qui jure pas mal comparé à certains abrutis finis qui l’entourent. Ensuite, même si j’ai passé un agréablement moment, je n’ai pas été happée par les enjeux du livre, je ne me suis pas sentie vraiment embarquée par la vengeance de Jorg sans pour autant m’ennuyer. J’ai eu l’impression que la « bataille » de fin était une formalité alors qu’elle promettait un moment épique sur le papier (on est loin de La Compagnie Noire ou du Trône de Fer par exemple). Espérons donc que l’intrigue et l’action globale s’amplifient par la suite. Le tout manque un peu de noirceur, de recoins biscornus, de crasse sous les bottes.

J’ai toutefois très envie de lire la suite, parce que l’auteur est suffisamment bon dans l’écriture pour me donner envie de continuer ce divertissement littéraire. Mais à ce stade c’est tout ce que c’est.