Le Profanateur , ou The Man Who Japed dans sa version originale , est un roman de science-fiction/anticipation de Philip K. Dick , paru en 1956. Etant donné que cela fait bientôt trois ans que je répète ici , dans mes critiques , tout le bien que je pense de l'auteur d'Ubik en plus de radoter sa biographie , et qu'à l'âge de vingt ans je n'ai pas envie de paraître précocement gâteux , autant traiter directement du livre qui nous intéresse en touchant plus particulièrement à l'impact - méconnue - qu'eut le Profanateur sur la culture populaire. Par exemple , j'ai découvert au terme de ma lecture que Matt Groening - le papa des Simpsons - devait être un fan du bouquin étant donné qu'un des premiers épisodes de la série - à savoir le huitième épisode de la premiere saison "Bart a perdu la tête" - reprenait une partie de l'intrigue du Profanateur , en plus de la lier à celle bien connue du Coeur révélateur d'Edgar Allan Poe.
Sympa comme anecdote , pas vrai ? Inutile de me remercier...Avançons directement au résumé de l'oeuvre.
Le destin d'Allen Purcell était en train de s'éclaircir. Directeur d'une petite agence "d'audiovisuel" au service de la propagande morale qui règne en maître sur le monde en ce futur post-apocalyptique , il fut approché par la descendante du Major Streiter , sorte d'icone historique absolu d'origine Afrikaans ayant rétabli l'ordre après l'effondrement de la civilisation capitaliste , pour devenir le nouveau maître - pas du tout incontesté - de Telemedia , l'organisme chef s'occupant de propager l'éthique à coup de feuilletons allégoriques , quasi-évangélistes. A ce nouveau poste , il pourrait ainsi favoriser les scripts de sa propre entreprise et ombrager le destin de toutes les autres...Seulement , ces derniers temps , Allen Purcell ne se sent plus le même homme. Il se sait par exemple responsable d'un acte de vandalisme sur une statue à l'effigie du Major , et pourtant il n'en a aucun souvenir. Cet acte inconscient le pousse donc à mettre la proposition qui lui est faite entre parenthèse , le temps au moins de répondre à la plus grande énigme qu'il n'ait jamais eut à déchiffrer : lui même , en l’occurrence.
Roman de sf aux apparences de fabliau anarchiste , c'est avec plaisir que je retrouve ici un Philip K. Dick tumultueux , simple en style mais complexe dans tout le reste. Chaque roman de l'auteur se ressemble , et chacun apporte pourtant quelque chose de neuf , d'unique. Ici , il s'agirait du roman le plus ironique de sa bibliographie par exemple.
Ce livre est intéressant d'une part parce qu'il prend le problème de la dictature morale à l'envers. Purcell est un personnage singulier dans la littérature dystopique car il est lui même une composante du dicta éthique qu'il combat pourtant inconsciemment. Il aime sa femme , aime ses voisins - et ce même si ces derniers se rassemblent régulièrement en assemblée inquisitrice - et il aime la société qui l'entoure et qu'il contribue , en un sens , à améliorer...et pourtant , il y a en lui quelque chose de profondément punk. Mais quoi ? Cela , je vous laisse le découvrir.
Etant le quatrième roman de l'auteur , on note - comme on j'ai pu le noter au terme de ma lecture de Loterie Solaire qui était son premier - une maîtrise de l'histoire raconté qui tendra à disparaître au fur et à mesure des publications , jusqu'à atteindre l'aspect singulier et O combien kaléidoscopique d'un livre comme L'invasion divine par exemple. La fin , en forme de baroud d'honneur , est similaire à la scène de course poursuite de Loterie Solaire dans son aspect haletant.
Toujours aussi bien , en somme.

Le-debardeur-ivre
8

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le 22 févr. 2018

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