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Un livre terrible. Il se présente comme une fiction, mais c'est un roman au sens où les livres d'Edouard Louis sont des romans : on frôle ici les limites de la littérature. Non pas parce que cette enquête serait mal écrite, ou dépourvue de toute liberté formelle, au contraire. L'auteur nous rappelle constamment que nous sommes témoins d'une fiction, d'une invention, même ses personnages sont conscients d'être des fictions. Cet aveu est lancé comme une bouée, tant il est difficile, pour le lecteur, de ne pas se sentir plongé au coeur de la plus vibrante des réalités.


Jeanne et Nathan sont beaux, présents, parfaitement crédibles et assez "épais" pour ne pas être seulement aimables. Portés par leur fugue on aborde, avec beaucoup d'intelligence, les grandes questions de l'époque, de la solitude à l'écologie, de la violence de la ville à la montée de l'extrême droite, en passant par les méfaits de la bien-pensance. C'est en cela que l'on frôle ici l'essai, un tantinet trop référencé, parfois trop bavard. Mais les défauts du livre sont négligeables par rapport à sa force.


Il nous révèle au bistouri le mal ultime de notre société, l'addiction, comme on révèle une tumeur. L'addiction n'est pas une pathologie éphémère, elle est certainement destinée à transformer notre monde en profondeur et l'auteur a mis le doigt pile dessus. On parle bien entendu d'addiction au sens large, de ce mécanisme (avant tout marchand) qui nous prive, jour après jour, de notre liberté. Il ne s'agit donc pas seulement de drogue, de porno, de narcisisme.

Mais on y croisera aussi tout cela, et dans le détail. Il faut s'accrocher.

plak
8
Écrit par

Créée

le 10 oct. 2023

Critique lue 173 fois

plak

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