Le titre est mensonger. J'ai cru au départ qu'il s'agissait d'une grande épopée historique, à la Walter Scott, l'un de ses romans historiques plus ou moins passables ou les héros bons affrontent le mal.
Pourtant Roth, excellent prosateur, l'un de mes écrivains germanophones préférés racontent deux histoires en parallèle. La grandeur d'un homme humilié Napoléon, qui se berce d'illusion sur son retour au pouvoir, et celle de la "petite Angéline" (petite, ici à comprendre par opposition aux "grands hommes"). Je déteste Napoléon, qui s'est hissé sur le haut d'une pyramide de cadavres pour asseoir son pouvoir et a définitivement liquidé les restes de la Révolution. Pourtant je me suis surprise à une certaine empathie pour le personnage, peut être justement parce qu'on le voit en Grand homme de pacotille, superstitieux (il craint la date du 20 de chaque mois). Surtout, Angéline, simple domestique, venant d'une famille pauvre, tombé amoureuse non pas de l'homme Napoléon, mais de l'empereur Napoléon est présenté comme une figure tout aussi tragique. Son fils chéri, tambour de l'armée à Waterloo meurt.
J'ai vu (et là j'insiste sur le fait qu'il ne s'agit que de mon interprétation personnelle) dans ce livre une charge contre la thèse selon laquelle les Grands Homme font l'histoire. Combien de soldats tombés, combien de familles en deuil pour quoi au final ? Un empire éphèmère qui n'aura duré qu'une dizaine d'années, et au final un retour pour quelques temps à la royauté. Le destin des petits se retrouve entremêlé pour leur plus grand malheur, à celui des dits grands hommes. N'ayez pas d'héros, vous risqueriez de le payer bien cher.