J'ai reçu "Le Silence de la Cité" dans l'excellente box littéraire Kube, qui me promettait un récit de SF haut en couleur, audacieux et intelligent. En faisant quelques recherches, Elisabeth Vonarburg semble effectivement une voix importante de la SF francophone, bien qu'il faille avouer qu'elle m'était alors complètement inconnue (rien de très surprenant, vous savez que j'ai toujours été un meilleur lecteur de fantastique que de SF...). Si j'ai bien lu page wikipédia (on fait des recherches ici!), la grande-œuvre d'Elisabeth Vonarburg semble être "Chronique du Pays des Mères" (1992), qui n'est autre que la suite de "Le Silence de la cité" (1981). Ou, du moins, une œuvre du même univers intervenant plus tard chronologiquement (je ne sais pas si l'on retrouve des personnages ou lieux en commun...).


"Le Silence de la Cité" est en tous cas un roman pour le moins étrange. Un livre relativement court et pourtant très dense. Chaque partie est quasiment indépendante de la précédente, tant dans le ton que dans les intrigues. La fresque d'Elisa s'apparente en réalité à 4 novellas, riches et cohérentes dans leur harmonisation. Il en reste cette impression de se frotter à 4 histoires différentes et l'effort se répète donc pour le lecteur qui, s'il n'est pas un minimum accroché, pourra ressentir un peu de lassitude...


Pour parler grossièrement de l'intrigue, nous allons suivre Elisa, petite fille née d'expériences génétiques menées par Paul. Paul est un des doyens de "l'ancienne humanité", celle d'avant la chute, ayant survécu dans des cités souterraines et augmentant sa durée de vie par des thérapies géniques ou par l'usage de robots ayant leur apparence (les onmachs). Son obsession: mettre au point une nouvelle "population" pouvant s'adapter au monde extérieur (pas comme les "mutants" peuplant actuellement la surface) et rompre la malédiction du virus tricheur qui impliquait jusqu'à présent la naissance d'un très grand nombre de femmes en comparaison au sexe masculin.


On suivra donc Elisa de sa tendre enfance à... Vous verrez.


Le livre est en soi passionnant. Le récit interroge encore et toujours sur la place de la femme, ici quasiment reléguée au rang d'esclave dans un monde où il y en a "abondance", et réapprenant l'émancipation...

Plus important encore, la réflexion sur l'identité et le "genre" est pour le coup extrêmement poussée, par la nature-même de l'intrigue, et apporte un lot de réflexions bienvenu.

L'écriture de l'auteure, par ailleurs, enrichie volontiers la réflexion: c'est écrit près du corps, c'est intense, riche en émotion, et le reflet parfait de ces questions lancées dans le vide, entre la page et le lecteur, qui hurleront leur besoin de réponses. Assez originale comme plume, tout de même.


Mais malheureusement, c'est parfois un peu pénible.

C'est d'abord assez confus, d'un point de vue de l'enfance d'Elisa. Evidemment, tout "s'enclenche", mais au départ, je vous défie bien de savoir quels sont les liens de parentés entre chaque protagoniste... Je le sais bien: c'est parfaitement volontaire. Il en reste que cette "confusion" peut je pense en bloquer plus d'un.

Et ma foi, c'est tout de même un peu long et bancal. On assiste à quelques évolutions majeures de l'intrigues sur quelques lignes, tandis que des pages entières ne participent qu'au contexte.


"Le Silence de la cité" est un bon roman de science-fiction, exigeant et original. Effectivement, Elisabeth Vonarburg est une voix sans pareil de l'imaginaire francophone.

Wazlib
7
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le 23 juin 2023

Critique lue 22 fois

Wazlib

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